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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 1.djvu/75

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LETTRE IV

harmonie entre les idées exprimées dans la Lettre et les plans politiques suggérés par les Lois, on conviendra que ce plagiaire aurait dû lire, sans doute, sitôt son apparition, le dernier ouvrage de Platon, à peine encore édité, mais surtout l’approfondir pour l’imiter avec une telle souplesse et un tel art. Dès lors, n’est-il pas plus simple et plus naturel de regarder Platon lui-même comme l’auteur de la lettre ?

Lettre IV.

Cette lettre, adressée à Dion, suppose comme date le retour définitif de Platon en Grèce. La lutte a commencé entre Denys et Dion. Désormais, l’heure n’est plus aux combinaisons diplomatiques, il faut agir, et le philosophe vient apporter à son ami sicilien et, par lui, aux adversaires de la tyrannie, ses encouragements : encouragement surtout à se distinguer par la vertu, car on compte sur eux, spécialement sur Dion vers qui se tournent tous les regards : qu’il songe donc à égaler des hommes d’État comme Lycurgue et Cyrus, et qu’il s’efforce de refréner l’ambition de ses compagnons. Encouragement aussi à combattre : dans l’entourage de Platon, on est prêt à aider ceux qui se trouvent engagés dans une cause aussi sainte. Enfin, l’écrivain recommande à son ami la douceur de caractère, lui conseille moins de roideur et plus d’affabilité dans les relations. S’il veut se gagner des partisans, qu’il soit aimable et n’oublie pas que l’arrogance voisine avec la solitude. — Plutarque rapporte ce dernier trait et le cite d’après la lettre. Du reste, la tradition confirme ce renseignement, et Cornélius Népos, avec moins de ménagement encore que Plutarque, rappelle l’âpreté de caractère du jeune chef syracusain[1].

Aucun indice bien caractéristique ne permet de se prononcer catégoriquement au sujet de l’authenticité de cette lettre. Il serait pourtant assez surprenant que Platon, après avoir si nettement déclaré, lors de son passage à Olympie, ne vouloir intervenir dans le conflit sicilien qu’en qualité de médiateur[2], modifie aussi rapidement son attitude et vienne

  1. Cornélius Népos, Dion, c. 6 et 7.
  2. Lettre VII, 350 c.