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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 1.djvu/98

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NOTICES

Philippe et depuis, il s’est toujours efforcé d’établir par son action l’union et la concorde.

Or, la 5e lettre est adressée précisément à Perdiccas III, le frère de Philippe, qui occupa le trône cinq ans, de 365 à 360. Il faut donc situer cet écrit entre le second et le troisième voyage en Sicile. Un certain nombre de jeunes gens se sont groupés depuis quelque temps dans le jardin d’Académos et, sous la direction du maître déjà célèbre à Athènes, se forment, d’après la méthode et l’esprit socratique, aux plus hautes sciences et à la direction intellectuelle des États. Euphraios d’Orée (en Eubée), qui devait plus tard mourir en héros de l’indépendance grecque à cause de sa résistance au parti macédonien, est envoyé en qualité de conseiller à Perdiccas. Mieux que tout autre il est apte à faire comprendre au prince le vrai langage de la monarchie.

Mais la lettre n’a pas comme seul but d’annoncer au roi de Macédoine la venue prochaine d’un auxiliaire ; elle se propose encore un dessein apologétique. Pourquoi l’activité politique de Platon se limite-t-elle volontairement aux pays étrangers et comment se fait-il qu’Athènes ne soit point favorisée de l’aide bienfaisante de l’Académie ? Il fallait répondre à une objection qui venait naturellement à l’esprit. La seule réponse possible, c’était qu’Athènes ne voulait pas utiliser cette collaboration ou n’avait pas la santé morale nécessaire pour supporter des conseils de sagesse. Or, convenait-il de s’exposer en pure perte à des dangers trop réels et ne valait-il pas mieux réserver ses instructions à des peuples ou à des chefs d’État plus disposés à les recevoir ? Ainsi le pense Platon, ainsi penserait également tout homme de bon sens.

Cette lettre peut être classée dans le genre épistolaire que les anciens appelaient συμβουλευτικόν. L’idée centrale autour de laquelle se groupent les développements des deux parties est celle de conseil. Le terme συμβουλή, ou ses dérivés, reviennent avec persistance comme le leit-motiv de la composition, neuf fois en trente et une lignes : conseil de Platon à Euphraios, conseils d’Euphraios à Perdiccas, conseils d’un tiers à Platon pour l’engager à offrir lui-même ses conseils à sa patrie. Tel est le cadre littéraire où viendront se ranger les deux thèmes de cette brève épître.

Les procédés de la rhétorique sont trop apparents dans cette