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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/106

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HIPPARQUE OU L’HOMME CUPIDE

Le disciple. — Il le paraît.

Socrate. — N’est-il pas vrai que les gens cupides aiment le gain ?

Le disciple. — Si.

Socrate. — Et tu appelles gain le contraire de la perte ?

227Le disciple. — Oui.

Socrate. — Y a-t-il quelqu’un pour qui ce soit un bien de subir une perte ?

Le disciple. — Personne.

Socrate. — Mais c’est un mal ?

Le disciple. — Oui.

Socrate. — Les gens qui perdent éprouvent donc un dommage.

Le disciple. — Ils l’éprouvent.

Socrate. — C’est donc un mal, la perte.

Le disciple. — Oui.

Socrate. — Et le contraire de la perte, c’est le gain.

Le disciple. — C’est le contraire.

Socrate. — Le gain est donc un bien.

Le disciple. — Oui[1].


Deuxième
définition.

Socrate. — Ce sont donc ceux qui aiment le bien que tu appelles cupides.

Le disciple. — Il le paraît.

bSocrate. — Tu ne veux évidemment pas dire, mon cher, que les gens cupides sont fous. Mais toi-même, aimes-tu ce qui est bon, oui ou non ?

Le disciple. — Oui certes.

Socrate. — Est-il un bien que tu n’aimes pas, et au contraire un mal que tu aimes ?

Le disciple. — Oh non ! par Zeus.

Socrate. — Mais tu aimes également tous les biens.

Le disciple. — Oui.

Socrate. — Demande-moi donc si, pour moi, il n’en est pas de même. Je t’avouerai aussi que j’aime les biens ; mais en plus de toi et de moi, les autres hommes ne te semblent-ils pas tous caimer les biens et haïr les maux ?

  1. Tout ce passage suppose la doctrine développée dans Protagoras (332) : chaque chose a son contraire, et non plusieurs. L’auteur oppose ici gain et perte, mal et bien, et identifie le gain avec le bien, la perte avec le mal.