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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/118

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230 d
68
HIPPARQUE OU L’HOMME CUPIDE

Le disciple. — Oui.

Socrate. — Car ni l’un ni l’autre n’est susceptible de plus ou de moins.

Le disciple. — Certainement non.

Socrate. — Comment pourrait-on faire ou subir quoi que ce soit plus ou moins, dans une matière qui n’est susceptible ni de plus ni de moins ?

Le disciple. — Impossible.

Socrate. — Puisque tous deux sont pareillement des gains et sont lucratifs, il nous reste maintenant à examiner pourquoi tu les appelles gain l’un et l’autre, ce que tu remarques d’identique dans les deux. eC’est comme si tu me demandais présentement pourquoi j’appelle également nourriture la bonne et la mauvaise. Je te répondrais : parce que toutes deux sont un aliment sec du corps, c’est pourquoi je les appelle ainsi. Que tel soit le caractère de la nourriture, tu en conviendras bien, n’est-ce pas ?

Le disciple. — Oui.


Quatrième
définition.

Socrate. — Et pour la boisson, la réponse serait du même genre : l’aliment humide du corps, qu’il soit bon ou mauvais, porte le nom de boisson : 231et de même pour tout le reste. Essaie donc à ton tour d’imiter mes réponses[1]. Quand tu appelles pareillement gain le gain honnête et le gain déshonnête, que remarques-tu en eux d’identique qui constitue précisément ce caractère de gain ? Si tu ne peux me répondre, fais attention du moins à ce que je vais dire : appelles-tu gain toute possession que l’on acquiert en ne dépensant rien, ou en dépensant moins pour recevoir plus ?

bLe disciple. — Oui, je crois pouvoir appeler cela un gain.

Socrate. — En dis-tu autant de celui qui, dans un banquet, sans rien dépenser et en mangeant jusqu’à satiété, acquerrait une maladie ?

  1. Tout ce passage, depuis 230 b, est construit exactement sur le modèle des dialogues socratiques. Hippias majeur (299 d et suiv.) semble avoir été particulièrement choisi comme type de développement. Comparer aussi Ménon, 73 a et suiv. ; Minos, 313 a. — La manière de procéder est aussi celle que les dialogues attribuent à Socrate. Le philosophe suggère lui-même un certain nombre de