Le disciple. — Non certes, par Zeus.
Socrate. — Et si c’est la santé qu’il acquiert dans le banquet, acquerrait-il un gain ou une perte ?
Le disciple. — Un gain.
Socrate. — Ce n’est donc pas un gain d’acquérir n’importe quoi.
Le disciple. — Certainement non.
Socrate. — N’est-ce pas parce que c’est un mal ? Ou est-ce que même s’il acquiert quelque bien, il n’acquerra pas de gain ?
Le disciple. — Il le semble, s’il s’agit d’un bien.
cSocrate. — Et si c’est un mal, n’est-ce pas une perte qu’il acquerra ?
Le disciple. — Je le crois.
Socrate. — Vois-tu donc comme tu tournes toujours dans le même cercle ? Le gain paraît être un bien et la perte un mal[1].
Le disciple. — Je ne sais vraiment que dire.
Socrate. — Et ce n’est pas sans raison que tu es embarrassé. Mais réponds encore sur ce point : lorsqu’en dépensant moins, on acquiert davantage, dis-tu que ce soit un gain ?
Le disciple. — Pas lorsque c’est un mal, évidemment, mais si c’est de l’or ou de l’argent que l’on dépense en moindre quantité pour recevoir davantage.
Socrate. — Et moi, je vais te demander ceci. Voyons, si dépensant une demi-livre d’or, don en recevait une double en argent, réaliserait-on un gain ou une perte ?
Le disciple. — Évidemment une perte, Socrate. Car, au lieu d’une somme équivalente à douze livres d’or, on reçoit seulement ce qui équivaut à deux.
Socrate. — Et pourtant on a reçu davantage : le double n’est-il pas plus que la moitié ?
Le disciple. — En valeur, non, si nous comparons argent et or.
Socrate. — Il faut donc, à ce qu’il semble, ajouter
- ↑ Les trois premières définitions ont abouti, en effet, à la conclusion que le gain est un bien, la perte un mal. Puis, le disciple a
réponses ; puis il demande au disciple de calquer les siennes sur celles qu’il a données à titre d’exemples. Voir Alcibiade, I, 108 b : Ἀλλὰ πειρῶ ἐμὲ μιμεῖσθαι…