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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/152

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MINOS OU SUR LA LOI

examine avec moi la question de cette manière : est-il jamais tombé sous ta main un ouvrage sur la guérison des malades ?

Le disciple. — Oui.

Socrate. — Sais-tu à quel art ressortit ce genre d’ouvrages ?

Le disciple. — Je le sais, à la médecine.

Socrate. — Et tu appelles médecins, n’est-ce pas, ceux qui sont compétents en ces matières ?

Le disciple. — Oui.

Socrate. — Les gens compétents portent-ils des avis identiques sur les mêmes objets, dou chacun un avis différent ?

Le disciple. — Des avis identiques, me semble-t-il.

Socrate. — Les Grecs ne s’entendent-ils qu’avec les Grecs, ou les barbares s’entendent-ils entre eux, comme avec les Grecs, pour porter un avis identique sur ce qu’ils savent ?

Le disciple. — De toute nécessité, ceux qui savent doivent avoir un avis commun. Grecs et barbares.

Socrate. — Bien répondu. Et cela toujours, n’est-ce pas ?

Le disciple. — Oui, toujours.

Socrate. — Les médecins ne mettent-ils pas aussi par écrit sur la santé eles choses qu’ils croient vraies ?

Le disciple. — Oui.

Socrate. — Ces écrits des médecins sont donc des règlements médicaux[1] et des lois médicales.

Le disciple. — Certainement, des règlements médicaux.

Socrate. — Et les écrits sur l’agriculture sont aussi des lois agricoles ?

Le disciple. — Oui.

Socrate. — Mais qui donc rédige les écrits et les prescriptions relatifs à la culture des jardins ?

    découvrir. Si donc la loi est l’œuvre d’un législateur qui possède la science, elle ne peut être pure convention, variable suivant les temps ou les pays, mais elle participe de l’immutabilité et de l’unité du réel. — Telle est la substance du raisonnement qui est vraiment platonicien.

  1. Les écrits médicaux furent très nombreux en Grèce, déjà au ve siècle, comme en témoigne la collection hippocratique. Il est fort probable que plusieurs traités techniques de cette collection furent composés à l’époque d’Hippocrate, et sans doute quelques-uns même, par lui. — Sur cette question, on lira avec profit le chapitre consacré par M. A. Diès à la médecine grecque, dans son ouvrage Autour de