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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/160

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MINOS OU SUR LA LOI

Le disciple. — Oui.

Socrate. — Et celles du bouvier pour les bœufs.

Le disciple. — Oui.

Socrate. — Et qui porte les lois les meilleures pour les âmes humaines ? N’est-ce pas le roi ? Réponds.

Le disciple. — Oui, je l’avoue,

bSocrate. — Tu dis bien, en effet. Pourrais-tu donc m’indiquer qui, parmi les anciens, s’est montré bon législateur en ce qui concerne les lois de la flûte ? Peut-être ne l’as-tu pas présent à l’esprit, mais veux-tu que je te le rappelle ?

Le disciple. — Très volontiers.

Socrate. — N’est-ce pas Marsyas, comme on le dit, et celui qu’il a aimé, Olympos de Phrygie[1] ?

Le disciple. — C’est vrai.

Socrate. — Leurs harmonies, à eux, sont parfaitement divines, seules elles remuent et forcent à se révéler ceux qui ont besoin des dieux[2] ; seules aussi, elles subsistent encore aujourd’hui, à cause de leur caractère divin.

cLe disciple. — C’est bien cela.

Socrate. — Quel est, parmi les anciens rois, celui qui passe pour avoir été un bon législateur, et dont les prescriptions subsistent encore aujourd’hui, à cause de leur caractère divin ?

Le disciple. — Je ne vois pas.

Socrate. — Tu ne sais pas quels sont, chez les Grecs, ceux qui sont régis par les lois les plus anciennes ?

Le disciple. — Tu veux dire les Lacédémoniens et le législateur Lycurgue ?

Socrate. — Tu me parles là d’institutions qui n’ont peut-être pas encore trois cents ans d’existence, ou à peine davantage. Mais parmi ces prescriptions, les meilleures, d’où viennent-elles ? dLe sais-tu ?

Le disciple. — On dit que c’est de Crète.

Socrate. — C’est donc là qu’on possède les lois les plus anciennes de la Grèce ?

  1. Marsyas, suivant la légende, découvrit le premier la flûte qui avait été abandonnée par Athéna. — Olympos, phrygien, d’après les uns, comme son amant Marsyas, mysien selon d’autres, aurait inventé, nous dit le scholiaste, l’harmonie musicale.
  2. Cf. Banquet 215 c.