Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
THÉAGÈS

On voit comment la légende avait grandi et comment, peu à peu, un Socrate idéalisé, presque divinisé, à la façon de Pythagore ou d’Empédocle, tendait à se substituer au Socrate de l’histoire. Cette seule considération suffirait à révéler l’époque tardive où fut composé le Théagès.

III

L’AUTEUR ET SES PROCÉDÉS LITTÉRAIRES

L’antiquité ne paraît pas avoir mis en doute l’authenticité du Théagès. Thrasylle l’adopte dans son catalogue, et le place en tête de la cinquième tétralogie, à côté de Charmide, Lachès, Lysis[1]. L’analogie des situations a, sans doute, commandé le rapprochement de ces dialogues. Le jeune Charmide songe aussi, comme Théagès, à se livrer entièrement à « l’incantation de Socrate »[2], et Lachès vient également avec Lysimaque auprès du sage conseiller, tout comme Démodocos, pour traiter la grave question de l’éducation de leurs fils[3].

Élien, dans un de ses chapitres, cite, probablement de mémoire, ou résume, plusieurs passages de notre dialogue, sans exprimer le moindre soupçon sur son origine, tandis qu’au chapitre suivant, il met en question l’authenticité d’Hipparque[4].

Presque tous les critiques modernes tiennent néanmoins pour apocryphe cette œuvre attribuée à Platon[5]. Il est, en

  1. Diogène Laërce, III, 59.
  2. Charmide, 176 b.
  3. Lachès, 179 a b.
  4. Var. Hist. VIII, 1 et 2.
  5. Presque tous les critiques modernes, depuis Schleiermacher, se sont prononcés contre l’authenticité : Ast, Hermann, Zeller, Ueberweg, Gomperz, Raeder, Bruns, Das literarische Porträt der Griechen, Berlin, 1896, p. 345 ; R. Adam, Ueber die Echtheit und Abfassungzeit des platonischen Alcibiades I, in Archiv fur Gesch. der Phil. 1901, p. 63 ; Janell, op. cit. ; J. Pavlu, Der pseudoplatonische Dialog Theages, in Wiener Studien, 1909, pp. 13-37 ; U. von Wilamowitz-Moellendorff, in Hermes, 1897, p. 103, note 2 et in Platon. I, 114, 184 ; II, 325. — On ne peut guère citer, en faveur de l’authenticité, que Socher, Überplatonische Schriften, 1820, p. 92 et