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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/224

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THÉAGÈS

παρά σου οὐδὲν πώποτε (130 d). Le Socrate de Théétète, après avoir cité le cas d’Aristide, ajoutait qu’on pourrait encore en alléguer bien d’autres (καὶ ἄλλοι πάνυ πολλοί) ; le Socrate de Théagès détaille ces πολλοί, en apportant comme preuves des noms et des exemples.

Il apparaît donc que le Théétète est vraiment le modèle du Théagès, et nous ne pensons pas que l’hypothèse suggérée par Janell soit juste[1]. Pour le critique allemand, Théagès aurait précédé Théétète et ce dernier dialogue serait une protestation de Platon contre une déformation du caractère de Socrate. Théétète serait ainsi une œuvre polémique dirigée contre l’auteur de Théagès. Est-il vraisemblable que Platon eût désavoué d’une façon si discrète un écrit qui abusait à ce point du nom de son maître ? N’aurait-il pas insisté plus énergiquement sur le sens réel qu’il fallait donner à la déclaration socratique : « De moi, on n’a jamais rien appris », et ne se serait-il pas prononcé plus catégoriquement contre une conception qui tendait à assimiler le philosophe à un véritable thaumaturge ?

On comprend, au contraire, que le Théétète pouvait fournir un point d’appui à l’interprétation d’un socratique d’époque tardive, ami du merveilleux, et qui commente les thèmes platoniciens en utilisant, d’une part, les thèmes xénophontiques, et, de l’autre, les faits légendaires mis alors en circulation.

Déterminer l’époque précise où fut composé le dialogue est assez difficile. Soit du texte, soit de la langue de l’auteur, on ne saurait inférer aucune conclusion certaine. Le style est bien attique et imite assez heureusement celui de Platon. Janell situe Théagès entre l’Apologie platonicienne qui a été plagiée et le Théétète qui est la réponse de Platon, par conséquent entre 395 et 365. Nous avons dit déjà la fragilité de cette hypothèse. Plus récemment, J. Pavlu[2], après une étude détaillée du dialogue, rejette la position de Janell, et reconnaît que soit l’Apologie, soit le Théétète, soit Alcibiade I, ont été imités. Or, comme suivant le critique, Alcibiade I ne peut vraisemblablement dater que de 340/39, ce serait là pour

  1. Janell, Über die Echtheit und Abfassungzeit des Theages, in Hermes, 1901, p. 427-439.
  2. J. Pavlu, Der pseudoplatonische Dialog Theages, in Wiener Studien, 1909, t. 31, p. 13-37.