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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/232

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122 c
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THÉAGÈS

truire et former comme le sont ici tous les autres fils de bonne famille, je veux dire dans la grammaire, l’art de la cithare, la lutte et autres exercices ?[1]

Théagès. — Mais si.

123Socrate. — Tu crois donc qu’il y a encore une science qui te manque, et qu’il conviendrait à ton père de s’en préoccuper pour toi ?

Théagès. — Oui, certainement.

Socrate. — Quelle est-elle ? Dis-le nous pour que nous puissions te satisfaire.

Théagès. — Il le sait bien, lui, Socrate, car je le lui ai souvent répété, mais il fait exprès de te parler comme s’il ignorait l’objet de mes désirs. C’est par toutes ces belles raisons qu’il me combat et ne veut me confier à personne.

Socrate. — Mais jusqu’ici, c’est à lui seul que tu as parlé, sans témoins pour ainsi dire. bEh bien ! prends-moi pour témoin, et, en ma présence, révèle cette science objet de tes désirs. Voyons, si tu désirais celle qui apprend à diriger les vaisseaux et si je venais à te demander : « Théagès, quelle est la science qui te manque et à propos de laquelle tu reproches à ton père de ne pas vouloir te confier à ceux qui te rendraient savant ? » Que me répondrais-tu ? Quelle est-elle ? N’est-ce pas celle du pilote ?

Théagès. — Oui.

cSocrate. — Et si tu désirais la science qui rend habile à diriger les chars et adressais à ce sujet des reproches à ton père, quand je demanderais quelle est cette science, quelle réponse me ferais-tu ? Tu dirais que c’est la science du cocher, n’est-ce pas ?

Théagès. — Oui.

  1. Tels étaient, en effet, les principales étapes de l’éducation athénienne au ve siècle. Les γράμματα désignent la lecture, l’écriture et l’étude des poètes. Aux γράμματα s’ajoutait bientôt la μουσική (au sens strict), qui comprenait le chant et le maniement de la flûte et de la lyre. Le maître de musique était le κιθαριστής (de κίθαρις, lyre en usage dans les écoles). Enfin à la musique succédait la gymnastique, enseignée par le pédotribe : l’enfant était formé dans la palestre aux exercices de la lutte, de la course, du saut et du lancement du disque et du javelot, en un mot aux exercices dont la réunion composait le pentathle (cf. P. Girard, art. Éducation in d’Aremberg et Saglio, I, i, 462 et suiv.). Voir Alcib., I, 106 e.