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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/240

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THÉAGÈS

que tu adressais à ton père, parce qu’il ne t’envoyait pas à l’école de quelque maître en tyrannie ? Et toi, Démodocos, qui connais depuis longtemps le désir de ton fils et ne manques pas d’endroit où l’envoyer, toi qui aurais pu faire de lui un artiste en la science qu’il désire, n’as-tu pas honte, avec tout cela, de ne pas consentir et de lui refuser ? Mais à présent, tu le vois, puisqu’en ma présence il t’accuse, délibérons ensemble, toi et moi, à qui nous pourrions l’envoyer, et quel maître il pourrait fréquenter pour devenir un habile tyran,

bDémodocos. — Oui, par Zeus, Socrate, délibérons, car sur ce sujet, on a besoin, je crois, d’un conseil sérieux.

Socrate. — Laisse, mon bon. Interrogeons-le d’abord avec soin.

Démodocos. — Interroge donc.


II. Les maîtres
de la science
politique.

Socrate. — Que penserais-tu, Théagès, si nous invoquions le témoignage d’Euripide ? Euripide dit, en effet, quelque part :[1]

Habiles sont les tyrans par la fréquentation des gens habiles.

Si donc on demandait à Euripide : « Euripide, c’est par la fréquentation des gens habiles que, cd’après toi, les tyrans sont habiles ? » Comme s’il disait :

Habiles sont les laboureurs par la fréquentation des gens habiles,

et si nous lui demandions : des gens habiles en quoi ? » Que nous répondrait-il ? Pas autre chose, n’est-ce pas, que : « des gens habiles dans la science de l’agriculture » ?

Théagès. — Pas autre chose que cela.

Socrate. — Et s’il disait :

Habiles sont les cuisiniers par la fréquentation des gens habiles,

    (I, 62) cite de lui un oracle à Pisistrate. L’auteur de Théagès l’appelle notre Amphilytos (ὁ ἡμεδαπός), parce que, suppose-t-on, le titre de citoyen athénien avait été accordé à ce devin (cf. Hiller v. Gaertringen, au mot Amphilytos, in Pauly-Wissowa, Real-Encyclopädie der Klass. Alt. I, 2, 1941).

  1. Platon (Républ. VIII, 568 a) attribue également ce vers à Euripide, et Aristophane y fait certainement allusion, en songeant, lui aussi à Euripide, dans Thesmophoriazusae, 21. Cependant, le scoliaste d’Aristophane, au passage indiqué, affirme que la citation