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Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/219

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LIVRE SIXIÈME.


appelée mère, puisqu’elle n’engendre rien ? Ceux qui l’appellent mère sont ceux qui regardent la mère comme destinée à jouer à l’égard de l’enfant le rôle de simple matière, à recevoir seulement le germe sans rien donner d’elle-même, parce que le corps de l’enfant doit son accroissement à la nourriture. Si la mère lui donne quelque chose, c’est qu’alors elle remplit à son égard la fonction de forme au lieu de se renfermer dans le rôle de simple matière. En effet, la forme seule est féconde, l’autre nature [la matière] est stérile.

C’est ce que les anciens sages ont sans doute voulu indiquer d’une manière symbolique dans les mystères et les initiations, en y représentant Hermès l’ancien[1] avec l’organe de la génération toujours prêt à agir, pour marquer que c’est la raison intelligible qui engendre les choses sensibles. D’un autre côté, ces mêmes sages indiquent la stérilité de la matière, condamnée à rester toujours la même, par les eunuques qui entourent Rhéa [Cybèle][2] ; ils en font la mère

  1. L’Hermès dont parle Plotin est Hermès ithyphallique, comme on le voit par le témoignage d’Hérodote (II, 51) : ὀρθὰ οὖν ἔχειν τὰ αἰδοῖα τἀγάλματα τοῦ Ἑρμέω Ἀθηναῖοι πρῶτοι τῶν Ἑλλήνων μαθόντες παρὰ τῶν Πελασγῶν ἐποιήσαντο. Oἱ δὲ Πελασγοὶ ἱρόν τινά λόγον περὶ αὐτοῦ ἔλεξαν, τὰ ἐν τοῖσιν Σαμοθρηίϰῆ μνστηρίοισι δεδήλωται. Cicéron atteste le même fait : « Mercurius unus Cœlo patre, Die matre natus, cujus obscœnius excitata natura traditur, quod aspectu Proserpinæ commotus sit. » (De natura Deorum, III, 22.) L’interprétation donnée par Plotin à ce rite a été reproduite par Porphyre : τοῦ δὲ λόγου τοῦ πάντων ποιητιϰοῦ καὶ ἑρμηνευτιϰοῦ ὁ Ἑρμῆς παραστατιϰός· ὁ δὲ ἐντεταμένος [τοῖς μορίοις] Ἑρμῆς δηλοῖ τὴν εὐτονίαν· δείϰνυσι δὲ ϰαὶ τὸν σπερματιϰὸν λόγον τὸν διήϰοντα διὰ πάντων. Λοιπὸν δὲ σύνθετος λόγος· ὁ μὲν ἐν ἡλίιῳ Ἑρμῆς, Ἑϰάτη δὲ ὁ ἐν σελήνῃ, Ἐρμόπαν δὲ ὁ ἐν τῷ παντί. (Fragment cité par Eusèbe, Prép. évang., III, 11). Voy. encore Creuzer, Religions de l’antiquité, trad. de M. Guigniaut, t. II, p. 298 et 673.
  2. Ficin et Taylor ont donné de ce membre de phrase une traduction qui est complètement inintelligible. Nous avons adopté le sens que M. Creuzer a longuement