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Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/232

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TROISIÈME ENNÉADE.


ramène l’éternité à l’unité qu’elle est en elle-même, mais encore il rapporte la vie de l’Être à l’Un même. Cette vie est ce que nous cherchons ; sa permanence est l’éternité. En effet, ce qui demeure de cette manière et qui demeure la même chose, c’est-à-dire l’acte de cette vie qui demeure d’elle-même tournée vers l’Un et unie à lui, ce qui n’a pas une existence ni une vie mensongère, c’est là véritablement l’éternité. Exister véritablement [pour l’Être intelligible], c’est n’avoir point de temps où il n’existe pas, point de temps où il existe d’une façon différente ; c’est donc exister d’une manière immuable, sans aucune diversité, sans être d’abord dans un état, puis dans un autre[1]. Donc, pour concevoir l’Être, il ne faut ni admettre des intervalles dans son existence, ni supposer qu’il se développe ou qu’il acquière, ni croire qu’il y ait en lui succession ; par conséquent, on ne saurait distinguer en lui ou dire qu’il y ait en

    p. 311. Voici comment le P. Thomassin commente ce même passage : « Ubi arctius adhuc vinculum constringendæ ab omni fluxu sistendæque æternitati comparatur, ipsum Bonum, a quo, ad quod, et circa quod tota est. Ens enim primum, seu prima vita, seu Verbum, cui proprie competit æternitas, tametsi beatissime et invictissime potens sit manere et stare, omnemque fluxum longissime amandare ; hæc tamen beatius multo et invictius consequitur, qua summo parenti seu Uni ipsi afligitur, in illo est, ad illudque vivit, utque ipsi Uni affigitur, ita ipso Uno figitur. Ens enim seu Mens, quum vita et intelligentia quædam sit, sisti postulat et adunari ab immobili Uno, supra intelligentiam, supra mentem, supra ens exstante et quiescente in ineffabili silentio beatitudinis suæ. » (Dogmata theologica, t. I, p. 291.)

  1. « Que signifie le repos et l’immobilité divine, sinon que Dieu demeure en lui, et garde, parmi le calme d’une stabilité parfaite, l’identité de son être ; que ses opérations sont les mêmes, et s’exercent sur un même objet et de la même sorte ; et qu’il est absolument immuable, ne trouvant en lui aucun principe de variation, ni hors de lui aucune cause de changement ? » (S. Denys l’Aréopagite, Des Noms divins, IX ; trad. de M. l’abbé Darboy, p. 441.) Voy. aussi saint Augustin, De Natura boni, § 39.