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Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/253

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LIVRE SEPTIÈME.


surer le temps, parce que le temps pris en lui-même n’est pas une mesure. Comment mesurerait-il en effet, et que dirait-il en mesurant ? Dirait-il de quelque chose : voici une étendue aussi grande que moi ? Mais quelle est cette chose qui dirait d’elle-même moi ? Est-ce la chose selon laquelle la quantité est mesurée ? Dans ce cas, le temps doit être quelque chose par lui-même, pour mesurer sans être une mesure. Le mouvement de l’univers est mesuré selon le temps, mais le temps n’est pas la mesure du mouvement par son essence ; il ne l’est que par accident : antérieur au mouvement, dont il diffère d’ailleurs, il en indique la quantité. D’un autre côté, si l’on prend un mouvement produit dans un temps déterminé, et si on l’ajoute à lui-même un nombre suffisant de fois, on arrive à connaître combien de temps s’est écoulé[1]. On a donc raison de dire que le mouve-

    par conséquent tous les mouvements et toutes les circulations dont le temps peut être la mesure. Vous voyez dans votre éternelle intelligence toutes les circulations différentes que vous pouvez faire, et les nommant, pour ainsi dire, toutes par leurs noms, vous avez choisi celles qu’il vous a plu pour les faire aller les unes après les autres. Ainsi, la première révolution que vous avez faite du cours du soleil a été la première année, et le premier mouvement que vous avez fait dans la matière a été le premier jour. Le temps a commencé selon ce qu’il vous a plu ; comme vous en avez fait la suite et la succession que vous ne cessez de développer du centre immuable de votre éternité. » (Bossuet, 9e semaine, 3e élévation).

  1. « Quum movetur corpus, tempore metior quamdiu moveatur ex quo moveri incipit donec desinat. Et si non vidi ex quo cœpit, et perseverat moveri ut non videam quum desinit, non valeo metiri, nisi forte ex quo videre incipio donec desinam. Quod si diu video, tantummodo longum tempus esse renuntio, non autem quantum sit ; quia et quantum quum dicimus, velut tantum hoc quantum illiud aut duplum hoc ad illud, et si quid aliud isto modo. Si autem notare potuerimus locorum spatia, unde et quo veniat corpus quod movelur, vel partes ejus, si tanquam in torno movetur,