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Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/569

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TROISIÈME ENNÉADE, LIVRES II ET III.


qui lui paraît digne d’intéresser un philosophe : Les maladies de l’homme sont-elles naturelles, c’est-à-dire, est-ce à la puissance appelée Nature ou Providence, par laquelle l’univers et l’homme ont été créés, qu’il faut attribuer les souffrances physiques, les maladies et les infirmités qui affligent l’espèce humaine ? Suivant Chrysippe, la Nature n’a pas eu primitivement le dessein de faire l’homme sujet aux maladies : cette mère prévoyante, auteur de tous les biens, n’a pu vouloir notre mal. Mais, tandis qu’elle formait nos corps de la manière la plus utile et la plus avantageuse à notre existence, des maux inévitables naquirent des biens mêmes qu’elle nous assurait, non par sa volonté ni de son consentement, mais par une loi fatale, et, comme le dit Chrysippe, par conséquence (ϰατὰ παραϰολούθησιν). Ainsi, lorsqu’elle était occupée à construire notre corps, elle fut obligée, pour réaliser son plan ingénieux et ses vues bienfaisantes, de former notre tête avec des os minces et délicats. Mais, à l’utilité qui en résulta pour l’homme s’attacha un danger extérieur : la tête ainsi formée est faiblement protégée, et si fragile, que le moindre choc peut l’endommager. C’est ainsi, dit Chrysippe, que les maladies et les infirmités, auxquelles l’homme est sujet, sont sorties des précautions mêmes que la Nature a prises pour son bonheur. De même, lorsque l’amour de la vertu, inspiré par la nature, prend naissance dans le cœur de l’homme, l’instinct du vice germe à côté par l’affinité qu’ont entre eux les contraires. (Nuits Attiques, VI, 1 ; trad. de K. Jacquinet.)

On retrouve dans ces fragments quelques-unes des idées que Plotin développe ou discute dans son traité De la Providence. Nous croyons que cet ouvrage de Chrysippe avait attiré particulièrement son attention, et qu’il nous en a conservé les idées les plus importantes, en se les appropriant ou en les combattant. Sous ce rapport, l’écrit de notre auteur nous paraît avoir une valeur historique qui est grande, et qui a été méconnue jusqu’ici par les auteurs qui se sont occupés de la doctrine stoïcienne.

Quant à Sénèque, le seul rapprochement auquel donne lieu son traité De la Providence, c’est le passage que nous avons cité p. 35.


§ III. AUTEURS QUI ONT CITÉ OU MENTIONNÉ CES LIVRES OU QUI DONNENT LIEU À DES RAPPROCHEMENTS.

A. Philosophes néoplatoniciens.

Les philosophes néoplatoniciens qui se sont inspirés des idées de Plotin, soit en le citant, soit sans indiquer les emprunts qu’ils lui ont faits, sont les suivants :