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Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/571

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TROISIÈME ENNÉADE, LIVRES II ET III.

Synésius. — Cet évêque de Ptolémaïs, qui avait suivi à Alexandrie les leçons de la célèbre Hypatie[1] a laissé un roman allégorique intitulé l’Égyptien ou De la Providence, qui est tout entier écrit au point de vue néoplatonicien et dont l’idée fondamentale est empruntée à notre auteur (livre II, § 8 et 9, p. 41-45) :

« Les hommes ne doivent pas accuser les Dieux de ne pas veiller sur leurs affaires. Car la Providence exige que les hommes commencent par faire ce qui est en leur pouvoir. Il n’est pas étonnant non plus qu’il y ait des maux dans la demeure du mal ; on doit plutôt admirer qu’il y ait ici-bas quelque chose qui ne soit pas mal. Néanmoins, si nous ne sommes pas négligents, si nous employons bien les facultés que nous tenons de la Providence, il nous est possible d’être parfaitement heureux. La Providence n’est pas comme la mère d’un nouveau-né, sans cesse occupée à écarter ce qui pourrait nuire à son enfant parce qu’il est imparfait et incapable de s’aider lui-même. Elle ressemble à une mère qui, ayant élevé son enfant et lui ayant mis des armes dans les mains, lui ordonnerait de s’en servir pour repousser les dangers qui pourraient le menacer. »

Nous citerons plus loin (p. 586) un autre morceau dans lequel Synésius reproduit presque textuellement la doctrine de Plotin sur la divination et la magie.

Saint-Denis l’Aréopagite. — Nous avons déjà cité ci-dessus dans les notes (p. 225, 229) des passages importants de saint Denys l’Aréopagite sur l’unité de Dieu. Quant à la doctrine qu’il développe sur la Providence et sur l’origine du mal, dans le chapitre IV de son traité Des Noms divins, elle contient une foule d’idées analogues à celles de Plotin. Dans la nécessité où nous nous trouvons de nous borner à quelques rapprochements, nous ne citerons que les lignes suivantes :

« Toutes choses bonnes dérivent d’une cause unique. Puis donc que le mal est l’opposé du bien, toutes choses mauvaises dérivent de causes multiples ; non pas que ces causes soient les raisons d’être du mal, et le produisent par une efficacité positive ; elles ne sont au contraire que privation, faiblesse, mélange inharmonique de substances dissemblables. Le mal n’a pas de fixité ni d’identité ; mais il est varié, indéfini et comme flottant en des sujets qui n’ont pas eux-mêmes l’immutabilité. Tout ce qui est, même ce qui est mauvais, a le bien peur principe et pour fin : car c’est pour le bien que toutes choses se font, et les bonnes et les mauvaises. Celles-ci

  1. Voy. l’essai de M. Villemain sur Synésius dans son Tableau de l’Éloquence chrétienne au quatrième siècle.