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Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/686

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JAMBLIQUE.


côté, ils accordent à l’âme pour facultés la Puissance naturelle, la Locomotion, la Sensibilité, l’Imagination, l’Amour du beau et du bien, enfin l’Intelligence[1].

Quant à Aristote, il compte cinq facultés, la Puissance naturelle, la Sensibilité, la Locomotion, le Désir et la Pensée[2].

Des Facultés qui constituent l’essence de l’âme.

V[3]. Plotin enlève à l’âme pure les facultés irrationnelles, la Sensation, l’Imagination, la Mémoire, le Raisonnement. La Raison pure est la seule faculté qu’il attribue à l’essence pure de l’âme et qu’il regarde comme conforme à l’idée de cette essence[4]. — Démocrite le platonicien[5] réunit dans l’essence de l’âme toutes ces espèces de facultés. — Platon divise les facultés en facultés qui ne relèvent que d’elles-mêmes et facultés qui appartiennent à l’animal, et il définit chaque espèce par celle des deux vies [rationnelle ou animale] à laquelle elle se rapporte[6].

[Facultés naturelles : Puissance nutritive, Puissance générative.] Plotin et Porphyre pensent que les facultés propres à chaque partie de l’univers [c’est-à-dire à chaque être considéré comme animal] sont produites par l’Âme universelle[7], et que [à la mort des animaux] les facultés produites de quelque manière que ce soit par l’Âme universelle s’évanouissent et cessent d’exister, comme la vie

  1. Cette assertion est empruntée à Porphyre, Des Facultés de l’âme, t. I, p. XC.
  2. Aristote dit, dans son traité De l’Âme (II, 3, p. 181 de la trad. fr.) : « Nous appelons facultés : la Nutrition, les Appétits, la Sensibilité, la Locomotion, la Pensée. »
  3. Voy. Stobée. Eclogœ phys., LII, § 31, p. 880.
  4. Voy. Plotin, Enn. I, liv. I, § 2. Jamblique n’exprime pas complètement la pensée de Plotin, d’après lequel l’âme ne possède en acte que la Raison pure quand elle est séparée du corps (Enn. IV, liv. III, § 18 ; liv. IV, § 1-5, 23), mais possède toujours en puissance la Sensibilité, laquelle fait partie intégrante de son essence. Voy. les Éclaircissements du tome I, p. 364.
  5. Il y a dans le texte : ὁι δὲ περὶ Δημόϰριτον Πλατωνιϰοὶ (hoi de peri Dêmokriton Platônikoi). Heeren croit qu’il y a là une faute des copistes, parce qu’il confond Démocrite d’Abdère avec Démocrite le platonicien, qui est cité par Porphyre (Vie de Plotin, § 20) et par Proclus (Comm. sur le Timée, p. 149).
  6. Voy. ci-après, § IX, p. 644.
  7. Selon Plotin, l’homme, considéré comme animal, est une partie de l’univers, d’abord par son corps, puis par son âme, mais seulement par son âme irraisonnable, par laquelle il participe à la Puissance naturelle et végétative de l’Âme universelle (Enn. IV, liv. IV, § 32). Les facultés propres à chaque partie de l’univers sont celles que Jamblique désigne sous le nom de nature dans le § IX, p. 644.