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Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/692

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JAMBLIQUE.


absolument le même, leurs actes droits (ϰατορθώματα (katorthômata)) sont égaux et leurs vertus identiques[1]. — Plotin en général et Amélius paraissent professer la même opinion : car ils disent tantôt que l’âme particulière diffère de l’âme universelle, tantôt qu’elle lui ressemble[2]. Selon Porphyre, au contraire, il y a une grande distance entre les fonctions de l’âme universelle et celles de l’âme particulière.

Il y aurait encore une autre opinion qui mériterait d’être prise en considération : divisant les actes d’après les genres et les espèces des âmes, elle enseigne que les actes des âmes universelles sont parfaits, ceux des âmes divines purs et immatériels, ceux des âmes démoniques efficaces[3], ceux des âmes héroïques grands, ceux des âmes des animaux et des hommes périssables, en suivant pour les autres êtres les lois de l’analogie[4]. cette division ainsi établie, on en déduit les conséquences. En effet, quand on admet que partout est répandue une Âme qui est une et identique par le genre et l’espèce, comme l’affirme Plotin[5], ou bien une et identique numériquement[6], comme Amélius l’avance avec assez de légèreté dans plusieurs passages de ses écrits[7], on dit que l’âme est identique à ses actes (τήν ψυχήν εἶναι ἄπερ ἐνεργεῖ (tên psuchên einai aper energei))[8]. Mais ceux qui ont un système plus sage distinguent dans la procession des essences de l’âme un premier, un second et un troisième degrés[9] ; professant une opinion nouvelle, mais plus solide, ils accordent que les actes des âmes universelles, divines, immatérielles, répondent pleinement à leur essence ; mais ils nient formellement que les âmes particulières, renfermées dans une seule espèce et divisées dans les corps, soient

  1. « Ratio rationi par est, sicut rectum recto : ergo et virtus, quæ non aliud est quam recto ratio… Omnes virtutes rectæ sunt : si rectæ sunt et pares sunt. Qualis ratio est, tales et actiones sunt ; ergo omnes pures sunt. (Sénèque, Lettres, 65.)
  2. Pour Plotin, Voy. ci-dessus, p. 630, note 4.
  3. Cette épithète s’explique par les lignes suivantes de Proclus : « La véritable essence et l’existence réelle se trouvent chez les dieux ; la puissance par laquelle les dieux opèrent réside dans les démons ; enfin l’acte et l’effet produits au dehors par la puissance des démons sont réalisés en nous. (Comm. sur l’Alcibiade, t. II, p. 219, éd. de M. Cousin.)
  4. Voy. Des Mystères des Égyptiens, ch. 5, 6, 7.
  5. Voy. Enn. IV, liv. IX, § 3.
  6. C’est l’hypothèse réfutée par Plotin, Enn. IV, liv. III, § 1-8.
  7. Voy. ci-après, § x, p. 616, note 3.
  8. « Par là, Platon [dans le Timée, p. 41] établit que les âmes diffèrent entre elles par leur essence, et non pas seulement par leurs actes, comme l’affirme le divin Plotin. » (Proclus, Comm. sur le Timée, p. 314.) Pour Plotin, Voy. Enn. IV, liv. III, § 6 et 8.
  9. Ces trois degrés sont, pour Jamblique, les âmes divines, les âmes démoniques, les âmes humaines. Voy. Proclus, Comm. sur le Timée, p. 314-319.