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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/142

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LIVRE CINQUIÈME.

saurait énoncer ce qu’est un principe dont on ne peut dire : il est ceci ou cela (τὸ τί). Mais nous autres hommes, dans nos doutes semblables aux douleurs de l’enfantement, nous ne savons comment appeler ce principe ; nous parlons de ce qui est ineffable et nous lui donnons un nom, pour nous le désigner comme nous le pouvons. Le nom même d’Un n’exprime autre chose que la négation de la pluralité. C’est pour cette raison que les Pythagoriciens[1] désignaient entre eux ce principe d’une manière symbolique en l’appelant Apollon, Ἀπόλλων [de ἀ-πολύς], nom qui est la négation même de la pluralité. Si l’on veut au contraire attacher au nom d’Un un sens positif, le nom et l’objet nommé deviendront alors plus obscurs que si l’on s’abstenait de regarder le nom d’Un comme le nom propre du premier principe. Si l’on emploie ce nom, c’est pour que l’esprit qui cherche le premier principe, s’attachant d’abord à ce qui exprime la plus grande simplicité, arrive enfin à rejeter ce nom qui n’a été admis que comme le meilleur possible. En effet, ce nom même n’est pas propre à désigner cette nature, qui ne peut être saisie par l’ouïe, ni comprise de celui qui l’entend nommer ; si elle pouvait être saisie par un sens, ce serait par la vue ; encore ne faudrait-il pas chercher à voir une forme : car alors on n’atteindrait pas le premier principe.

VII. L’intelligence peut voir en acte de deux manières,

    mativement renferme l’idée d’association et d’imperfection. » (Guide des égarés, trad. de M. S. Munk, t. I, p. 238.) Voy. encore ci-après, p. 91, note 1.

  1. « Les Pythagoriciens ont donné aux nombres et aux figures géométriques les dénominations des dieux. Le triangle équilatéral est appelé Minerve, née du cerveau de Jupiter, et Tritogénie, parce que ce triangle peut être divisé par trois perpendiculaires tirées de ses trois angles. L’unité est Apollon, parce qu’elle est le symbole de la persuasion et de la candeur. La dyade a les noms de discorde et d’audace, etc. » (Plutarque, Traité d’Isis et d’Osiris, p. 381.)