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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/174

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LIVRE HUITIÈME.


Parmi les dieux, ceux qui résident dans le ciel visible, ayant beaucoup de loisir, contemplent toujours les choses qui se trouvent dans le ciel supérieur, mais de loin en quelque sorte et du sommet de leur tête ; ceux au contraire qui sont dans le ciel supérieur, qui y ont leur demeure, y demeurent tout entiers parce qu’ils y habitent partout. Car tout ce qui se trouve là-haut, terre, mer, végétaux, animaux, hommes, fait partie du ciel ; or tout ce qui fait partie du ciel est céleste. Les dieux qui y résident ne dédaignent pas les hommes, ni aucune autre des essences qui se trouvent là-haut, parce que toutes sont divines et qu’ils parcourent toute la région céleste sans sortir de leur repos[1].

IV. C’est pour cette raison que les dieux mènent dans le ciel une vie facile, qu’ils ont la vérité pour mère, pour nourrice, pour essence et pour aliment[2], qu’ils voient toutes choses, non les choses qui sont soumises à la génération, mais celles qui ont la permanence de l’Essence, enfin qu’ils se voient eux-mêmes dans tout le reste. En effet, dans ce monde intelligible, tout est transparent ; nulle ombre n’y borne la vue ; toutes les essences s’y voient et s’y pénètrent dans la profondeur la plus intime de leur nature. La lumière y rencontre de tous côtés la lumière. Chaque être comprend en lui-même le monde intelligible tout entier, et le voit également tout entier dans un être quelconque[3]. Toutes choses y sont partout ;

  1. Voy. Enn. II, liv. ii, § 1 ; t. I, p. 159.
  2. Plotin continue de commenter les passages du Phèdre que nous avons cités ci-dessus.
  3. Cette pensée hardie et profonde offre une frappante analogie avec la doctrine que Leibnitz exprime en cent endroits : « Comme à cause de la plénitude du monde tout est lié et chaque corps agit sur