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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/206

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LIVRE NEUVIÈME.
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res, les mouvements et les proportions visibles[1]. S’il y a en nous une faculté qui, en étudiant les beautés qu’offre la symétrie dans les animaux, considère les caractères généraux de cette symétrie, elle fait partie de la puissance intellectuelle qui contemple là-haut la symétrie universelle. Quant à la musique, qui étudie le rhythme et l’harmonie, elle est, en tant qu’elle examine ce qu’il y a d’intelligible dans ces deux choses, l’image de la musique qui s’occupe du rhythme intelligible.

Pour les arts qui produisent des œuvres sensibles, comme l’architecture, l’art du charpentier, en tant qu’ils font usage de certaines proportions, ils ont leurs principes dans le monde intelligible et ils participent à sa sagesse. Mais, comme ils appliquent ces proportions à des objets sensibles, ils ne peuvent être tout entiers rapportés au monde intelligible, si ce n’est en tant qu’ils sont contenus dans la raison humaine. Il en est de même de l’agriculture, qui seconde le développement des végétaux ; de la médecine, qui s’occupe de procurer ici-bas la santé, et de l’art qui donne au corps la force ainsi que la vigueur[2] : car il y a là-haut une autre puissance, une autre santé, desquelles tous les animaux tiennent la vigueur dont ils ont besoin.

Enfin, la rhétorique, la stratégie, l’économie privée et publique, la politique, participent à la science intelligible lorsqu’elles pratiquent et qu’elles étudient les principes de l’honnête[3]. La géométrie, qui s’occupe des choses intelligibles, doit être rapportée au monde intelligible. Il en est de même de la philosophie : elle occupe le premier rang parmi les sciences parce qu’elle étudie l’être. Voilà ce que nous avions à dire des arts et des œuvres qu’ils produisent.

XII. Si le monde intelligible contient l’idée de l’homme,

  1. Voy. Platon, République, liv. X.
  2. Il s’agit ici de la gymnastique. Voy. Platon, Gorgias, p. 464.
  3. Nous suivons Creuzer qui propose de lire τῶν ϰαλῶν ϰοινωνοῦσι (tôn kalôn koinônousi), au lieu de τὸ ϰαλὸν ϰοινωνοῦσι (to kalon koinônousi).