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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/212

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LIVRE PREMIER.


Commençons plutôt par demander à ces philosophes si les dix genres sont également dans les êtres intelligibles et dans les êtres sensibles, ou bien s’ils sont tous dans les êtres sensibles et quelques-uns seulement dans les êtres intelligibles : car il n’y a pas lieu de dire ici : et vice versa. Il faut donc chercher quels sont ceux des dix genres qui conviennent aux êtres intelligibles, voir si les êtres intelligibles peuvent être ramenés à un seul et même genre avec les êtres sensibles, ou si c’est par homonymie que la substance s’affirme à la fois des êtres intelligibles et des êtres sensibles. Si la substance est un homonyme[1], il y en a plusieurs genres. Si elle est un synonyme[2], il est absurde que ce mot ait le même sens dans les êtres qui possèdent le premier degré de l’existence et dans ceux qui en possèdent le degré inférieur : car les choses dans lesquelles on distingue un premier degré et un degré inférieur ne sauraient appartenir à un genre commun. Mais les philosophes dont nous parlons ne s’occupent pas des intelligibles dans leur division. Ils n’ont donc pas voulu diviser tous les êtres : ils ont laissé de côté ceux qui possèdent le plus haut degré de l’existence.

    parmi les choses qu’embrassent les catégories, les unes sont des essences, d’autres des qualités, d’autres désignent la quantité, d’autres la relation, d’autres l’action ou la passion, d’autres le lieu, d’autres le temps : l’être se prend donc dans le même sens que chacun de ses modes. » (Aristote, Métaphysique, V, 7 ; trad. de MM. Pierron et Zévort, t. I. p. 167.)

  1. « On appelle homonymes les êtres qui n’ont de commun entre eux qu’une appellation pareille, mais dont la définition, sous cette appellation identique, est essentiellement différente : par exemple, on appelle animal l’homme réel et l’homme représenté en peinture. » (Aristote, Catégories, t. I, ch. I, § 1 ; trad. de M. Barthélemy Saint-Hilaire, p. 53.)
  2. « On appelle synonymes les êtres qui ont à la fois une appellation commune, et, sous cette appellation, une définition essentiellement pareille. Tels sont l’homme et le bœuf, appelés tous d’eux du nom d’animal. » (Ibid., § 2, p. 53.)