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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/242

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LIVRE PREMIER.


mouvement, qu’on ne saurait déterminer quand et depuis quand le mouvement a commencé, ni lui assigner un point de départ, qu’on a toujours la faculté de diviser le mouvement en remontant à son origine, en sorte que de cette manière le mouvement qui vient de commencer se trouverait avoir commencé depuis un temps infini, et que le mouvement serait infini par rapport à son commencement. C’est que les Péripatéticiens distinguent le mouvement de l’acte ; ils affirment que l’acte est en dehors du temps, mais que le temps est nécessaire au mouvement, non à tel mouvement, mais au mouvement pris en soi, parce qu’il est selon eux une quantité ; ils reconnaissent cependant eux-mêmes que le mouvement n’est une quantité que par accident, quand il est un mouvement diurne, par exemple, ou qu’il a telle durée. De même que l’acte est en dehors du temps, rien n’empêche que le mouvement n’ait commencé aussi en dehors du temps, et que le temps ne soit lié au mouvement seulement parce que le mouvement a telle durée : car on accorde qu’il se produit des changements en dehors du temps, puisqu’on dit : Les changements ont lieu ou tout d’un coup ou successivement[1]. Or si le changement peut se produire en dehors du temps, pourquoi n’en serait-il pas de même du mouvement[2] ? Nous parlons ici du changement et non d’avoir changé : car le changement, pour être changement, n’a pas besoin d’être accompli [tandis qu’avoir changé signifie un fait accompli, par conséquent implique la notion du temps[3]].

XVII. L’acte et le mouvement, répondra-t-on peut-être, ne sont pas un genre par eux-mêmes, mais appartiennent

  1. Voy. ci-après les premières lignes du § 18.
  2. Cette théorie de Plotin est citée et discutée par Simplicius, Comment. des Catégories, fol. 78, e.
  3. Plotin veut dire que la notion de temps n’est pas impliquée dans le nom verbal changement (μεταϐολή (metabolê)), comme elle l’est dans le parfait du verbe avoir changé (μεταϐεϐληκέναι (metabeblêkenai)).