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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/269

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SIXIÈME ENNÉADE.


et resteront-ils purs, sans que les choses qui seront mêlées les détruisent ? Comment cela aura-t-il lieu ? Mais nous traiterons ces questions plus tard.

Maintenant, puisque nous ayons reconnu qu’il existe des genres qui sont en outre les principes de l’essence, qu’il y a à un autre point de vue des principes [ou éléments] et des composés, il faut que nous disions d’abord par rapport à quoi nous constituons les genres comme genres, comment nous les distinguons les uns des autres, au lieu de les réduire à un seul (comme s’ils étaient réunis par hasard], quoiqu’il semble plus raisonnable de les réduire à un seul. On pourrait les réduire ainsi s’il était possible que toutes choses fussent des espèces de l’être, que tous les individus fussent contenus dans ces espèces et qu’il n’y eût rien en dehors d’elles. Mais une pareille supposition détruit les espèces (car alors les espèces ne seraient plus des espèces), et dès ce moment il n’y aurait plus lieu de réduire la pluralité à l’unité, mais tout ne ferait qu’un ; en sorte que, toutes choses appartenant à cet un, aucun autre être n’existerait en tant qu’autre hors de l’un. Comment en effet l’un serait-il devenu multiple et aurait-il pu engendrer les espèces s’il n’existait rien d’autre que lui ? Car il ne serait pas multiple s’il n’y avait quelque chose pour le diviser, comme une grandeur ; or ce qui divise est autre que ce qui est divisé. S’il se divise lui-même ou se partage, c’est qu’il était déjà avant la division susceptible d’être divisé[1].

Il faut donc, pour cette raison et pour plusieurs autres, se garder de reconnaître un seul genre[2] : car il serait impossible d’appliquer à tout les dénominations d’être et

  1. Ficin ajoute dans sa traduction vel indivisibile, ce qui n’est pas dans le texte grec de Creuzer, et qui ne semble nullement justifié.
  2. Au lieu d’ὑποστατέον (hupostateon), que portent les premières éditions, il faut évidemment lire ἀποστατέον (apostateon), comme le fait M. Kirchhoff.