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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/302

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LIVRE DEUXIÈME.


ceptions[1]], comme cela paraît arriver dans les raisons séminales qui produisent les animaux[2]. Dans les raisons qui sont antérieures au raisonnement [dans les idées], toutes choses se trouvent avoir la constitution que l’intelligence la plus pénétrante serait amenée par le raisonnement à juger la meilleure[3]. Que ne doivent donc pas être ces idées supérieures et antérieures à la Nature et aux raisons ? L’Intelligence y est identique avec l’Essence[4] ; l’existence n’y est pas adventice, non plus que l’intelligence ; tout y est parfait, puisque tout y est conforme à l’intelligence. L’Être est ce qu’exige l’Intelligence ; il est par conséquent être véritable et premier : car s’il procédait d’un autre être, c’est cet autre qui serait l’Intelligence.

Puisque l’Être nous montre ainsi en lui toutes les figures et la qualité universelle (elle ne pouvait être particulière : car elle ne devait pas être unique, la double présence de la Différence et de l’Identité exigeant qu’elle fût à la fois une et plusieurs) ; puisque l’Être est dès l’origine un et plusieurs, que toutes les espèces qu’il comprend doivent par conséquent renfermer à la fois unité et pluralité, offrir des grandeurs, des qualités, des figures différentes (car il est impossible que quelque chose manque à l’Être, qu’il ne soit pas l’universalité complète, parce qu’il ne serait plus universel s’il n’était pas complet) ; puisqu’enfin la Vie y pénètre tout, y est présente partout, il en résulte que de lui ont dû naître tous les animaux (car les corps mêmes n’y manquent pas puisqu’on y trouve matière et qualité) . Or, comme tous les animaux y sont nés et y subsistent de tout temps, étant par leur être embrassés dans l’éternité, que pris séparément ils sont chacun une des différentes essences, que

  1. Voy. Enn. III, liv. VIII, § 7 ; t. II, p. 223.
  2. « Être ce qu’elle est et produire ce qu’elle produit sont dans la Nature une seule et même chose, etc. » (Ibid., § 2 ; t. II, p. 214.)
  3. Voy. Enn. III, liv. II, § 2 ; t. II, p. 23-24.
  4. Voy. Enn. III, liv. VIII, § 7 ; t. II, p. 223.