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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/356

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LIVRE TROISIÈME.

l’embrasser par une définition. — Mais comment est-il une forme lorsqu’il aboutit à ce qui est pire ou qu’il est tout à fait passif ? — On peut le comparer alors à réchauffement produit par les rayons du soleil, échauffement qui fait croître certaines choses et qui produit sur d’autres un effet contraire : dans ces deux cas, le mouvement a quelque chose de commun et est identique en tant que mouvement ; c’est aux substances [dans lesquelles il se produit] qu’il doit sa différence apparente. — Le fait de devenir malade et la convalescence sont-ils donc identiques ? — Oui, en tant que mouvements. — Diffèrent-ils par les sujets dans lesquels ils sont ou par quelque autre chose ? — Nous examinerons cette question plus loin, quand nous traiterons de l’altération. Voyons maintenant ce qu’il y a de commun dans tous les mouvements : par là, nous prouverons que le mouvement est un genre.

D’abord, le mouvement se dit dans plusieurs sens, de même que l’être considéré comme genre. Ensuite, tous les mouvements par lesquels une chose arrive à un état naturel ou produit une action conforme à sa nature constituent autant d’espèces, comme nous l’avons déjà dit. Quant aux mouvements par lesquels une chose arrive à un état contraire à sa nature, il faut les regarder comme analogues à ce à quoi ils conduisent. — Mais qu’y a-t-il de commun dans l’altération, l’accroissement, la génération et leurs contraires ? Qu’y a-t-il enfin de commun entre ces mouvements et le déplacement dans le lieu, quand on considère ces quatre mouvements, en tant que mouvements[1] ? — Ce qu’il y a de commun, c’est que la chose mue n’est plus, après le mouvement, dans l’état où elle était auparavant, qu’elle ne reste pas tranquille et ne se repose pas tant que le mouvement dure, mais qu’elle passe sans cesse à un autre état, s’altère et ne reste point ce qu’elle

  1. Voy. le passage d’Aristote cité ci-dessus p. 290, note 3.