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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/359

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SIXIÈME ENNÉADE.

peut se demander si monter est le contraire de descendre, en quoi le mouvement circulaire diffère du mouvement rectiligne, quelle différence il y a entre jeter un objet à la tête ou le jeter aux pieds. On ne le voit pas clairement : car dans ces cas la puissance locomotrice est unique. — Dira-t-on qu’il y a une puissance qui élève et une autre qui abaisse, que monter est une manière d’être différente de descendre, surtout si ces mouvements sont naturels s’ils ont pour cause la légèreté et la pesanteur ? Dans ces deux cas, il y a quelque chose de commun, c’est de se porter vers son lieu naturel, en sorte que la différence provient alors des choses extérieures. En effet, dans le mouvement circulaire et le rectiligne si quelqu’un meut le même objet tour à tour circulairement et en ligne droite, quelle différence y a-t-il dans la puissance motrice ? On ne saurait tirer la différence que de la figure même du mouvement, à moins qu’on ne dise que le mouvement circulaire est composé, qu’il n’est pas un véritable mouvement et qu’il ne produit par lui-même aucun changement. Dans tous les cas, le mouvement de déplacement est un et n’a que des différences extrinsèques.

XXV. En quoi consistent la composition (σύγϰρισις) et la décomposition (διάϰρισις) ? Constituent-elles d’autres espèces de mouvement que celles que nous avons déjà reconnues, la génération et la destruction, l’accroissement et le décroissement, le mouvement de déplacement et l’altération ? Faut-il les y ramener, ou bien faut-il au contraire faire rentrer quelques-uns de ces mouvements dans la composition et la décomposition ?

Si la composition consiste à rapprocher une chose d’une autre et à les joindre ensemble, si de son côté la décomposition consiste à séparer les choses qui étaient rapprochées, il n’y a là que des mouvements de déplacement dont l’un unit et l’autre désunit. Si l’on admet qu’il y ait ici mixtion[1],

  1. Sur la mixtion, Voy. le livre vii de l’Ennéade II, t. 1, p. 242.