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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/38

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SIXIÈME ENNÉADE, LIVRE II.


Critique des catégories des stoïciens.

(XXV) Les Stoïciens, ne reconnaissant que quatre catégories, divisent toutes choses en substances, qualités, modes et relations. De plus, ils embrassent tous les êtres dans un seul genre en leur attribuant quelque chose de commun.

Pour commencer par ce quelque chose de commun, on ne saurait comprendre en quoi il consiste, ni comment il pourrait s’adapter à la fois aux corps et aux êtres incorporels.

(XXVI-XXVIII) Par Substance, les Stoïciens entendent la matière, dont ils font le principe et l’essence de tous les êtres. Ils confondent ainsi un principe avec un genre, deux choses fort différentes. Ils ont d’ailleurs tort de prendre pour principe ce qui n’existe qu’en puissance et de faire de la matière un corps en lui attribuant l’étendue. Dieu, dans ce système, n’est que la matière modifiée ; mais on ne conçoit pas d’où vient à la matière la modification dont elle est le sujet, s’il n’y a pas hors d’elle un principe actif. Supposez que la matière et le principe actif qui la modifie constituent un seul sujet, les autres choses ne seront plus que la matière modifiée ; elles n’auront plus d’existence réelle. Il résulte de là que l’être dérive du non-être, que l’acte dérive de la puissance, ce qui est absurde. Cette erreur des Stoïciens a pour cause qu’ils ont pris la sensation pour guide dans la détermination des principes.

(XXIX) Les Qualités des Stoïciens devraient être incorporelles et actives, puisque a matière est passive. Cependant leurs raisons séminales sont corporelles, de sorte qu’avant de former avec la matière un composé elles sont elles-mêmes déjà composées ; elles n’ont donc aucune réalité par elles-mêmes, et elles constituent de simples modifications de la matière.

(XXX) Les qualités n’étant que des modifications de la matière, les Modes ne sauraient avoir, plus de réalité puisqu’ils se rapportent eux-mêmes aux qualités. Ils ne sauraient d’ailleurs constituer un genre, parce qu’ils ne forment qu’un amas confus de choses complètement différentes les unes des autres.

On trouve la même confusion et la même incohérence dans ce que les Stoïciens disent des Relations.


LIVRE DEUXIÈME.
DES GENRES DE L’ÊTRE, II.

(I) Après avoir critiqué les catégories d’Aristote et des Stoïciens dans le livre précédent, Plotin expose ici sa propre théorie, qu’il présente comme entièrement conforme aux idées de Platon.

Des genres de l’être intelligible.

Pour rechercher quels sont les genres de l’être, il faut avant tout admettre que l’être n’est pas un, comme Platon l’a démontré avec d’autres philosophes. Il s’agit ici de l’être véritable, qu’il importe de ne pas confondre avec ce qui devient et qu’on nomme génération.