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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/388

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LIVRE QUATRIÈME.

sens perçoit la qualité qui est de ton ressort[1]. Toutes ces choses subsistent ensemble et ne se trouvent point séparées l’une de l’autre.

L’Être intelligible [demandera-t-on] est-il donc varié et multiple ? — Il est varié [répondrons-nous], mais en même temps il est simple ; il est un et multiple : car la Raison [qui est l’essence de l’Âme universelle] est une et multiple[2]. L’Être universel est également un : s’il est différent [en ce sens qu’il contient des essences différentes], il le doit à lui-même ; la différence fait partie de sa nature (car elle ne saurait appartenir au non-être). L’Être est constitué de telle sorte qu’il n’est pas séparé de l’unité : elle lui est présente partout où il est, et l’Être un subsiste en lui-même. Il est en effet possible qu’un être qui est sous un certain rapport séparé d’un autre être lui soit cependant présent tout entier. Mais il y a divers modes de présence : autre est la manière dont les choses sensibles sont présentes aux choses intelligibles (à celles du moins auxquelles elles peuvent être présentes), autre est celle dont les choses intelligibles sont présentes les unes aux autres ; de même, autre est la manière dont le corps est présent à l’âme, autre celle dont la science est présente également à l’âme, autre celle dont une science est présente à une autre science (lorsque toutes deux existent ensemble dans la même intelligence) ; enfin, autre encore est la manière dont un corps est présent à un autre corps.

XII. Quand un son retentit dans l’air et que ce son constitue une parole, l’oreille qui est présente entend et perçoit ce son et cette parole, surtout si le lieu est tranquille. Placez dans ce lieu une autre oreille : le son et la parole s’approcheront également d’elle, ou plutôt cette oreille

  1. Porphyre emploie la même comparaison dans son Traité des Facultés de l’âme. Voy. notre tome I, p. xcii.
  2. Sur la Raison une et multiple, Voy. Enn. III, liv. II, § 16 ; t. II, p. 61.