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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/413

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SIXIÈME ENNÉADE.

une autre : c’est tout entière qu’elle a façonné et le tout et les individus[1]. Il serait ridicule en effet de supposer qu’il y ait une multitude d’idées du feu, afin que chaque feu soit façonné par une idée particulière : par là, les idées seraient innombrables. Ensuite, comment diviser les choses qui ont été engendrées par le feu, puisqu’il est un et continu ? Si nous augmentons le feu matériel en y ajoutant un autre feu, c’est évidemment la même idée qui produira dans cette portion de matière les mêmes choses que dans le reste : car ce ne saurait être une autre idée.

IX. Que l’on conçoive réunis en une sphère tous les éléments lorsqu’ils ont été engendrés, on ne dira certainement pas que cette sphère a plusieurs auteurs, dont l’un aurait fait telle partie et l’autre telle autre partie ; mais on reconnaîtra que la production de cette sphère a un auteur unique qui l’a faite en agissant tout entier, sans produire telle ou telle portion par telle ou telle de ses parties[2] : car, dans ce dernier cas, la sphère aurait encore plusieurs auteurs, si l’on ne rapportait pas la production de l’ensemble à un principe unique et indivisible ; or, bien qu’un principe unique et indivisible soit l’auteur de la sphère entière, il ne se répand cependant pas en elle ; c’est la sphère entière qui est suspendue à son auteur. Une seule et même vie contient la sphère entière, parce que celle-ci est placée dans une seule vie. Toutes les choses qui sont dans la sphère se ramènent donc à une vie unique, et toutes les âmes forment une Âme qui est une, mais qui est en même temps infinie. C’est pourquoi quelques philosophes ont dit que l’âme est un nombre[3] ; d’autres que le nombre

  1. « Deus autem mundo infusas fabricat, præsentia majestatis facit quod facit, præsentia sua gubernat quod fecit. Sic ergo erat in mundo, quomodo per quem mondas factus est. » (S. Augustin, In Evangelium Joannis tractatus 2.)
  2. Voy. Enn. II, liv. IX, § 12 ; t. I, p. 291.
  3. Voy. ci-après liv. vi, § 16, p. 398. Cette assertion se trouve aussi dans l’Enn. III, liv. VI, § 2 ; t. II, p. 127.