Aller au contenu

Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/438

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
377
LIVRE SIXIÈME.

intellectuelle, qui possède le plus haut degré de la vie, de l’intelligence et de l’essence. Aussi, celui qui touche cette puissance participe-t-il aux mêmes caractères selon la manière dont il la touche : à un degré plus élevé, s’il la touche de plus près ; à un degré plus bas, s’il la touche de plus loin. Si l’existence est désirable, l’existence plus complète est plus désirable encore. De même, si l’intelligence mérite d’être désirée, l’intelligence parfaite mérite d’être désirée par-dessus tout, et il en est de même pour les divers degrés de la vie[1]. Puis donc que l’Être est premier, qu’il faut assigner le premier rang à l’Être, le second à l’Intelligence, et le troisième à l’Animal[2] (car celui-ci parait déjà contenir toutes choses, et l’Intelligence occupe justement le second rang, puisqu’elle est l’acte de l’Être), le Nombre ne saurait exister dans l’Animal : car avant l’Animal il y a déjà un et deux [l’Être et l’Intelligence] ; le Nombre ne saurait non plus exister dans l’Intelligence : car avant l’Intelligence il y a l’Être qui est un et multiple. [Le Nombre doit donc exister dans l’Être premier.]

IX. Il nous reste à chercher si c’est l’Essence qui en se divisant a engendré le Nombre, ou si c’est le Nombre qui a divisé l’Essence. [De deux choses l’une : ] ou l’Essence, le Mouvement, la Stabilité, la Différence, l’Identité ont engendré le Nombre, ou c’est le Nombre qui a engendré tous ces genres.

Voici quel doit être le point de départ de cette discussion. Est-il possible que le Nombre existe en soi, ou bien faut-il contempler deux dans deux objets, trois dans trois objets, et ainsi de suite ? La même question s’élève au sujet d’un considéré dans les nombres : car si le Nombre peut exister en soi indépendamment des choses nombrées[3], il

  1. Voy. Enn. III, liv. VIII, § 7 ; t. II, p. 224.
  2. Ce passage est cité par Proclus. Voy. les Éclaircissements du tome II, p. 554.
  3. Les Pythagoriciens prétendent démontrer que le nombre