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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/452

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LIVRE SIXIÈME.

faudrait pour qu’il fût une relation. Le même raisonnement s’applique à tout nombre : car, lorsque c’est une relation qui engendre une chose, il est impossible que la relation contraire engendre la même chose et par conséquent que cette chose elle-même soit la relation.

Quelle est donc la cause principale [en vertu de laquelle les objets participent aux nombres] ? Un être est un par la présence de l’un, et deux par la présence de la dyade, comme il est blanc par la présence de la blancheur, beau par celle du beau, et juste par celle du juste. Si l’on n’admet point cela, on sera réduit à soutenir que le blanc, le beau, le juste ne sont rien de réel, mais n’ont pour causes que de simples relations ; que le juste consiste dans telle relation avec tel ou tel être ; que le beau n’a pas d’autre fondement que l’affection que nous éprouvons, que l’objet qui paraît beau n’a, soit par sa nature, soit par emprunt, rien qui soit capable de produire cette affection. Quand vous voyez un objet qui est un et que vous appelez un, il est en même temps grand, beau, et susceptible de recevoir une foule d’autres qualifications. Or, pourquoi l’un ne serait-il pas dans l’objet comme le grand et la grandeur, le doux et l’amer, ainsi que les autres qualités ? On n’a point le droit d’admettre que la qualité, quelle qu’elle soit, fait partie du nombre des êtres, tandis que la quantité en serait exclue, ni que la quantité continue est quantité, tandis que

    triade en dehors des trois unités ? car, ou bien l’un participe de l’autre, comme l’homme blanc participe du blanc et de l’homme, quoiqu’il soit distinct de l’un et de l’autre ; ou bien l’un sera une différence de l’autre : ainsi il y a l’homme indépendamment de l’animal et du bipède. Ensuite, il y a unité par contact, unité par mélange, unité par position ; mais aucun de ces modes ne convient aux unités qui composent la dyade ou la triade. Mais de même que deux hommes ne sont pas un objet un indépendamment des deux individus, de même nécessairement aussi pour les unités. » (Aristote, Métaphysique, liv. XIII, chap. 7 ; trad. fr., t. II, p. 269.)