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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/479

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SIXIÈME ENNÉADE.

tout pour ceux qui veulent, quand ils définissent un être, en définir le caractère propre[1].

Quelle est donc l’essence de l’homme ? Faire cette question, c’est demander quelle est la chose qui fait que cet homme est homme, chose qui doit se trouver en lui et non en être séparée. La véritable définition de l’homme est-elle animal raisonnable ? N’est-ce pas là plutôt la définition du composé ? Qu’est donc l’essence qui produit l’animal raisonnable ? Dans la définition de l’homme, animal raisonnable veut dire vie raisonnable ; par conséquent, l’homme sera la vie raisonnable. Mais y a-t-il vie sans âme ? [Non sans doute.] Ou l’âme donnera à l’homme la vie raisonnable, et dans ce cas l’homme, au lieu d’être une substance, ne sera qu’un acte de l’âme ; ou bien l’homme sera l’âme-même. Mais si l’homme est l’âme raisonnable, qu’est-ce qui l’empêchera alors de rester homme lors même que son âme viendrait à passer dans un corps différent [dans le corps d’une brute] ?

V. Il faut donc que l’homme ait pour raison [pour essence] autre chose que l’âme. Qui empêche alors que l’homme ne soit quelque chose de composé, c’est-à-dire l’âme subsistant dans telle raison (ψυχὴ ἐν τοιῷδε λόγῳ (psuchê en toiôde logô)), en admettant que cette raison soit un certain acte de l’âme, mais que cet acte ne puisse exister sans le principe qui le produit. Or, telle est la nature des raisons séminales (οἱ ἐν τοῖς σπέρμασι λόγοι (hoi en tois spermasi logoi)). Elles n’existent pas sans l’âme : car les raisons génératrices ne sont pas inanimées ; et cependant elles ne sont pas l’âme purement et simplement. Il n’y a rien d’étonnant à ce que de telles essences soient des raisons.

Ces raisons qui n’engendrent pas l’homme [mais l’animal ][2], de quelle âme sont-elles donc les actes ? Est-ce de

  1. Il s’agit encore ici des Péripatéticiens. Voy. ci-dessus p. 415, note 1.
  2. Les raisons séminales ou génératrices dont parle ici Plotin sont les puissances qui constituent la nature animale. Dans le traité De l’Âme, Aristote emploie aussi le mot de raisons pour