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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/484

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LIVRE SEPTIÈME.

l’homme. Ici se trouve en effet une différence semblable à celle qui existe entre les âmes, quoiqu’elles appartiennent toutes au même ordre[1]. Il faut d’ailleurs appeler espèce des démons ces démons que Platon nomme simplement démons[2]. Enfin, quand l’âme supérieure accompagne l’âme inférieure qui a choisi la condition de brute, l’âme inférieure qui était liée à l’âme supérieure (lors même qu’elle constituait un homme) développe la raison [séminale] de l’animal [dont elle a choisi la condition] : car elle possède en elle-même cette raison ; c’est son acte inférieur.

VII. Mais, dira-t-on, si l’âme ne produit la nature d’une brute que lorsqu’elle est dépravée et dégradée, elle n’était pas dès l’origine destinée à produire un bœuf ou un cheval ; alors la raison séminale du cheval aussi bien que le cheval même seront contraires à la nature [de l’âme]. — Non : ils sont inférieurs à sa nature, mais ils ne lui sont pas contraires. Dès l’origine, l’âme était [en puissance] la raison séminale d’un cheval ou d’un chien. Quand cela lui est permis, l’âme qui doit engendrer un animal produit ce qui est meilleur ; sinon, elle produit ce qu’elle est capable d’engendrer ; elle ressemble aux artistes qui, sachant produire plusieurs figures, exécutent soit celle qu’ils ont reçu l’ordre d’exécuter, soit celle que la matière a le plus d’aptitude à recevoir. Qui empêche que la Puissance [naturelle et génératrice] de l’Âme universelle, en sa qualité de Raison [séminale] universelle, n’ébauche les contours du corps (προῦπογράφειν (proupographein)), avant que les puissances animiques [les âmes individuelles] descendent d’elle dans la matière ? Qui empêche que cette

  1. « Si l’âme revient ici-bas, elle a soit le même démon, soit un autre démon, selon la vie qu’elle doit mener… Toute âme placée dans les mêmes circonstances n’a pas les mêmes mouvements, les mêmes volontés, les mêmes actes, etc. » (Enn. III, liv. IV, § 6 ; t. II, p. 100-101).
  2. Il s’agit ici de ceux des démons qui sont des puissances de l’âme humaine, Voy. sur ce point les Éclaircissements du tome II, p. 530-532.