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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/492

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LIVRE SEPTIÈME.

le végétal une raison qui constitue sa vie[1]. — Si la raison essentielle du végétal, raison qui le constitue, est une vie de telle nature, une espèce d’âme, et si cette raison est elle-même une unité, est-elle le Végétal premier ? — Non, il y a au-dessus de cette raison le Végétal premier dont dérive ce végétal particulier. Le Végétal premier est unité ; l’autre est multiple, et dérive nécessairement de cette unité. S’il en est ainsi, le Végétal premier doit posséder la vie à un plus haut degré encore et être le Végétal même, duquel procèdent les végétaux qui sont ici-bas, qui occupent le second ou le troisième rang, et qui tiennent du Végétal premier les traces de vie qu’ils présentent.

Mais comment la Terre existe-t-elle dans le monde intelligible ? Quelle est son essence ? Comment la Terre qui se trouve dans le monde intelligible y est-elle vivante ? — Voyons d’abord ce qu’est notre Terre, c’est-à-dire quelle est son essence. Elle doit être une forme et une raison [une essence] : car la raison du végétal est vivante même ici-bas. — Y a-t-il donc aussi une raison vivante dans la Terre ? — Pour trouver la nature de la Terre, prenons des objets essentiellement terrestres, qui soient engendrés et façonnés par elle. La naissance des pierres et l’accroissement qu’elles prennent, la formation intérieure des montagnes, ne sauraient avoir lieu si une raison animée ne les

  1. « Formant une nature analogue à la nature humaine, les dieux en firent un second genre d’animaux : ce sont les arbres et tous les végétaux qui maintenant, adoucis et formés par la culture, sont devenus pour nous domestiques ; mais auparavant les espèces sauvages, plus anciennes que les espèces cultivées, existaient seules. Tout ce qui participe à la vie peut en effet à très-juste titre être appelé animal ; et ce dont nous parlons participe du moins à la troisième espèce d’âme, que l’on dit être placée entre le diaphragme et le nombril, et dans laquelle il ne peut y avoir ni opinion, ni raison, ni intelligence, mais des sensations agréables et douloureuses, avec des désirs. » (Platon, Timée, p. 77 ; trad. de M. H. Martin, p. 205-207.)