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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/539

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SIXIÈME ENNÉADE.

les degrés qui conduisent à Dieu : les purifications, les vertus qui ornent l’âme, l’élévation à l’intelligible, l’édification dans l’intelligible, puis le festin où se nourrit de nectar celui qui devient à la fois spectateur et spectacle, soit pour lui-même, soit pour les autres[1]. Étant devenu Essence, Intelligence, Animal universel, il ne considère plus ces choses comme étant hors de lui ; arrivé à cet état, il approche de Celui qui est immédiatement au-dessus de tous les intelligibles et qui répand déjà sur eux sa splendeur. Il laisse alors

    -bas, et, les yeux attachés sur la beauté suprême, de s’y élever sans cesse en passant pour ainsi dire par tous les degrés de l’échelle, d’un seul beau corps à deux, de deux à tous les autres, des beaux corps aux beaux sentiments, des beaux sentiments aux belles connaissances, jusqu’à ce que, de connaissances en connaissances, on arrive à la connaissance par excellence, qui n’a d’autre objet que le beau lui-même, et qu’on finisse par le connaître tel qu’il est en soi. » (Platon, Banquet, trad. de M. Cousin, t. VI, p. 317.)

  1. Πορεύουσι δὲ ϰαθάρσεις πρὸς αὐτὸ, ϰαὶ ἀρεταὶ ϰαὶ ϰοσμήσεις, ϰαὶ του νοητοῦ ἐπιϐάσεις, ϰαὶ ἐπ’ αὐτοῦ ἱδρύσεις, ϰαὶ τῶν ἐϰεῖ ἑστιάσεις. Au lieu d’ἀρεται (aretai), que portent plusieurs manuscrits et que M. Kirchhoff garde avec raison, Creuzer a introduit dans son texte ἀραίτε (araite), se fondant sur ce que la traduction de Ficin porte precibus. Cette correction est tout à fait inadmissible pour qui connaît un peu la doctrine de Plotin. Que l’on se reporte au livre Des Vertus : on y retrouvera les degrés indiqués ici par Plotin ; on y verra que les vertus purifient l’âme, l’ornent en lui donnant la forme du bien, l’élèvent à la contemplation des essences que possède l’intelligence et l’y unissent intimement (Voy. Enn. I, liv. II, § 4 et § 6 ; t. I, p. 56-57 et p. 60). Nulle part il n’est question de la prière. Voy. encore ci-après liv. IX, § 11. il est nécessaire de comparer ce dernier passage avec la phrase que nous examinons, parce qu’ici Plotin fait évidemment allusion aux divers degrés de l’initiation, comme Platon le fait lui-même dans le passage suivant : « Celui qui dans les mystères de l’amour s’est avancé jusqu’au point où nous en sommes par une contemplation progressive et bien conduite, parvenu au dernier degré de l’intuition, verra tout à coup apparaître une beauté merveilleuse, celle qui est la fin de tous ses travaux précédents. » (Banquet, trad. de M. Cousin, t. VI, p. 316.)