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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/686

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DES TROIS HYPOSTASES.

et l’essence universelle des êtres[1]. Cette Intelligence est souverainement belle, est le Beau même : car elle possède par elle-même la forme de la beauté[2]. Elle est née, avant les siècles, de Dieu qui est sa cause. Elle s’est engendrée elle-même et elle a été son propre père (αὐτογὲννητος καὶ αὐτοπάτωρ) : car la procession de l’Intelligence s’est opérée sans que Dieu entrât en mouvement pour l’engendrer[3]. L’Intelligence a procédé de Dieu en s’engendrant elle-même (αὐτογόνως) ; elle a procédé, dis-je, sans aucun rapport avec le temps : car le temps n’existait pas encore, et, depuis même qu’il a existé, il n’a rien été pour elle ; l’Intelligence existe donc en dehors du temps et est seule éternelle. De même que le Dieu premier et unique, quoique toutes choses aient été faites par lui, existe de toute éternité, parce qu’il n’est pas au nombre de ces choses et que rien qui soit digne de lui ne saurait être ajouté à son existence ; de même, l’Intelligence unique, éternelle, subsiste en dehors du temps et est le Temps même des choses qui sont dans le temps, pendant qu’elle demeure dans l’identité de son existence éternelle[4]. » (Saint Cyrille, Contre Julien, I, p. 32.)

III. Troisième hypostase. L’Âme du monde.

Porphyre [dans son quatrième livre de L’Histoire des philosophes], expose en ces termes l’opinion de Platon : « La substance divine a dans sa procession formé trois hypostases (ἄρχι τριῶν ὑποστάσεων τὴν τοῦ προελθεῖν οὐσίαν). Le Dieu suprême est le Bien ; au second rang est le Démiurge, et au troisième, l’Âme du monde[5] : car la Divinité s’étend jusqu’à l’Âme[6]. » Porphyre affirme donc clairement que la substance divine a dans sa procession formé trois hypostases. En effet, le Dieu de l’univers est unique, mais sa notion s’étend en quelque sorte dans la Trinité sainte et consubstantielle formée par le Père, le Fils et l’Esprit-Saint, que Platon appelle l’Âme du monde. L’Esprit vivifie et procède du Père, vivant par le Fils : C’est en lui que nous vivons, que nous sommes mus et que nous sommes[7]. La parole de notre Seigneur Jésus-Christ est vraie : C’est l’Esprit qui vivifie[8]. Le même Porphyre ajoute : « C’est pourquoi

  1. Voy. Plotin, t. III, p. 14-15.
  2. Voy. t. III, p. 117-131, 441-461.
  3. Voy. t. III, p. 13.
  4. Voy. t. I, p. LXXII ; t. II, p. 174-181.
  5. Voy. t. I, p. LXXX-LXXXI.
  6. Ce passage est cité une seconde fois par saint Cyrille exactement dans les mêmes termes, livre VI, p. 271.
  7. Actes, XVII, 28. Voy. ci-dessus p. 557, note 5.
  8. Saint Jean, VI, 64.