Aller au contenu

Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/696

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
635
COMMENTAIRE DU PHÉDON.

Le degré supérieur comprend les vertus contemplatives[1], dans lesquelles l’âme renonce même à soi et tend à se rapprocher de ce qui lui est supérieur, non pas seulement par la connaissance, comme le nom de ces vertus pourrait le faire croire, mais aussi par la volonté. L’âme aspire en quelque sorte à devenir intelligence. Or l’intelligence suppose à la fois connaissance et volonté. Ces vertus sont opposées aux vertus politiques : celles-ci agissent selon la raison sur la nature inférieure ; celles-là s’élèvent par l’Intelligence jusqu’au monde supérieur. Platon traite de ces vertus dans le Théétète.

Dans les vertus exemplaires[2], l’âme ne contemple plus l’intelligence (car la contemplation suppose un intervalle) ; mais l’âme est alors devenue l’intelligence même à laquelle elle participe. Or l’intelligence est l’exemplaire de toutes choses ; et c’est pour cela que ces vertus sont appelées exemplaires, puisqu’elles dépendent principalement de l’Intelligence. Jamblique les ajoute aux précédentes dans son livre Des Vertus.

Au-dessus des vertus dont nous venons de parler, et dont le caractère est de constituer des essences, sont les vertus hiératiques, qui naissent de la nature divine de l’âme ; elles sont simples. Jamblique les décrit aussi ; mais Proclus le fait avec plus de clarté. (Olympiodori Scholia in Phœdonem, p. 89-90[3].)

De l’immortalité de l’Âme.

I. Le grand Plotin démontre l’immortalité de l’âme par deux arguments, savoir qu’elle est incorporelle et qu’elle est séparable[4]. Ces arguments lui ont donné les principes par lesquels se démontre l’immortalité de l’âme, savoir qu’elle est simple, puisqu’elle est incorporelle, et qu’elle commande, puisqu’elle est séparable[5]. Il semble préférable de ne pas employer ce mode de démonstration.

  1. Voy. Plotin, ibid., § 6, p. 60.
  2. Voy. ibid., § 7, p. 61.
  3. Ce morceau d’Olympiodore a été analysé par M. Cousin dans ses Fragments de philosophie ancienne, p. 433.
  4. Voy. Plotin, Enn. IV, liv. VII. Olympiodore dit encore, dans son Commentaire sur le Philèbe (p. 62, éd. Finckh) : « Plotin pense que tout ce qui périt est amené à périr par l’une de ces deux raisons, soit comme composé, soit comme n’existant que dans un sujet : car les choses incorporelles (qui sont mortelles) périssent parce qu’elles n’existent que dans un sujet, et les corps, parce qu’ils sont composés. »
  5. Voy. sur ce point le fragment d’Olympiodore cité dans le tome II, p. 619, note 8.