Aller au contenu

Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
CINQUIÈME ENNÉADE.


d’exactitude et distingue trois principes : le premier, l’Un absolu ; le second, l’Un multiple ; le troisième, l’Un et multiple. Il reconnaît donc avec nous trois natures[1].

IX. Anaxagore, qui reconnaît une Intelligence pure et sans mélange[2], admet aussi que le premier principe est simple et que l’Un est séparé des choses sensibles. Mais, venu dans des temps trop anciens, il n’a pas traité nettement cette question.

Héraclite a connu l’Un éternel et intelligible : car il professe que les corps deviennent sans cesse et sont dans un état d’écoulement perpétuel[3].

Dans le système d’Empédocle, la Discorde divise et la Concorde unit ; or, ce second principe est posé comme incorporel, et les éléments jouent le rôle de matière[4].

  1. « Cette théorie est expliquée en ces termes par Cudworth : « Princeps hypostasis sæpe huic generi dicitur Ἕν πρὸ πάντων (Hen pro pantôn), Unum ante omnia, unitas nimirum simplicissima, quæ res omnes efficienter continet, et, uti Plotinus loquitur [Enn. V, lib. iii, § 15], sic habet omnia tanquam non dum inter se discreta, quum in secunda ratione discernantur ; id est, reapse distincta sint in speciebus suis, etiamsi primum principium simplex et secunda sit rerum omnium potentia. Idcirco alteram hypostasin Parmenides vocat Ἕν πάντα (En panta), Unum quod est omnia, seu quod omnes rerum species complectitur ; qui etiam philosophus, id quod Plotinus testatur, tertiam personam Ἕν ϰαὶ πάντα (Hen kai panta), Unum et omnia (proprie ἕν ϰαὶ πολλά, Unum et multa) vocavit, ut plus eam habere vicissitudinis et multitudinis significaret. » (Systema intellectuale, IV, 36, p. 689.)
  2. Enn. II, liv. VII, § 7 ; t. II, p. 203. Il faut rapprocher de ce passage les lignes suivantes où Simplicius expose la doctrine d’Anaxagore sur ce point : « L’Intelligence est quelque chose que ce soit ; elle est pleinement et actuellement ; elle est où sont toutes les autres choses ; elle est dans le principe qui embrasse la multiplicité [des êtres] et qui donne l’unité soit aux choses composées [aux corps], soit aux choses divisées [aux éléments].» (Comm. sur la Physique d’Aristote, fol. 33.)
  3. Voy. Enn. II, liv. I, § 2 ; t. I, p. 145.
  4. Cette phrase est citée par saint Cyrille, Contre Julien, II, p. 67. Voy. Enn. II, liv. IV ; t. II, p. 203.