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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/115

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coup des habitants de la ville couraient se joindre à elle. Mais ils furent effrayés par les cris, le grand nombre des lumières, la foule qui courait de tous côtés ; ils demeurèrent immobiles, et se contentèrent de garder la Cadmée.

Au point du jour, arrivèrent de l’Attique les autres exilés bien armés ; le peuple se rendit en foule à l’assemblée, et Épaminondas et Gorgidas y amenèrent Pélopidas et sa troupe, environnés de prêtres qui portaient dans leurs mains les bandelettes sacrées, et qui appelaient les citoyens à la défense des dieux et de la patrie. À leur vue, le peuple rempli d’enthousiasme se leva en masse, et les accueillit avec des applaudissements et de grands cris, comme ses bienfaiteurs et ses libérateurs.

Élu béotarque à l’heure même, avec Mélon et Charon, Pélopidas met sur-le-champ le siège devant la citadelle, et lui donne l’assaut sur tous les points, pressé qu’il était d’en chasser les Lacédémoniens, et de délivrer la Cadmée avant qu’il pût arriver une armée de Sparte. Il prévint en effet l’arrivée des secours, mais de si peu de temps, que la garnison sortie par capitulation rencontra, dès Mégare, Cléombrotus qui marchait sur Thèbes avec des forces considérables. Des trois harmostes[1] qu’il y avait eu à Thèbes, les Spartiates en condamnèrent deux à mort, Hermippidas et Arcissus ; le troisième, Dysaoridas, condamné à une forte amende, s’exila du Péloponnèse. Cette révolution accomplie avec le même courage, les mêmes périls, les mêmes combats que celle qu’opéra Thrasybule, et qui avait eu les mêmes vicissitudes et le même succès, les Grecs l’appelèrent la sœur de la révolution de Thrasybule. Il ne serait pas facile, en effet, de citer d’autres

  1. Ce mot signifie à peu près modérateurs. C’est le nom que les Lacédémoniens donnaient aux capitaines qu’ils envoyaient commander dans les places conquises.