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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/129

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chrée[1], ils battirent les Athéniens, qui avaient tenté d’escarmoucher dans les défilés, et de leur fermer le passage.

Tout le monde aimait et honorait leur mérite, signalé par tant d’exploits ; on admirait leur bonheur. Mais, à mesure que leur réputation grandissait, la jalousie de leurs concitoyens, la haine des partis grandissait également, et leur préparait un accueil peu honorable et indigne d’eux. Dès leur retour on leur intenta une action capitale. Suivant la loi, ils avaient dû remettre le commandement entre les mains de nouveaux béotarques dans le premier mois de l’année, qu’on appelle en Béotie le mois Bucatius ; or, ils l’avaient gardé quatre mois entiers, pendant lesquels ils avaient accompli leur expédition en Messénie, en Arcadie et en Laconie. Pélopidas, mis en jugement le premier, courut un plus grand danger ; mais ils furent tous les deux absous. Cette tentative envieuse, Épaminondas la souffrit avec douceur, persuadé qu’il est d’un homme ferme et d’une âme grande de savoir supporter patiemment les attaques de la malveillance politique. Pélopidas était naturellement plus irritable : ses amis l’animèrent à se venger de ses ennemis ; il en saisit l’occasion suivante.

L’orateur Ménéclidas était un des conjurés qui s’étaient réunis avec Pélopidas et Mélon dans la demeure de Charon ; mais les Thébains ne lui faisaient pas le même honneur qu’aux autres. Habile à manier la parole, corrompu, et d’un naturel pervers, il fit usage de son talent pour calomnier et mettre en accusation des hommes qui lui étaient supérieurs ; et il ne discontinua point ses accusations, malgré l’issue de la première. Il fit manquer l’élection d’Épaminondas comme béotarque, et le fatigua

  1. C’était une forteresse sur les frontières de l’Arcadie, au S.-O. d’Argos.