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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/143

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NICIAS.

d’hommes à l’ennemi. Gylippe, de son côté, parcourait les villes, excitait, soulevait, réunissait toutes les populations, empressées à se mettre sous ses ordres. Nicias, au contraire, était retombé dans ses calculs d’autrefois ; réfléchissant au changement soudain de ses affaires, il perdait courage ; et dans ses lettres aux Athéniens il les engageait à envoyer une autre armée, ou même à retirer de la Sicile celle qui y était ; il les priait, en tout cas, de le décharger du commandement, à cause de sa maladie.

Même avant cette époque, on avait pensé à lui envoyer de nouvelles forces ; mais l’envie, excitée par les heureux résultats des efforts de Nicias, avait apporté à ces mesures bien des retards. Alors pourtant on s’empressa de lui envoyer des renforts. Démosthène devait prendre la mer avec une flotte nombreuse au sortir de l’hiver ; mais Eurymédon mit à la voile au milieu même de l’hiver, pour porter de l’argent à Nicias, et l’informer que le peuple avait nommé pour commander avec lui deux hommes qui faisaient déjà partie de l’armée de Sicile ; c’était Euthydème et Ménandre.

Sur ces entrefaites, Nicias fut attaqué à l’improviste par terre et par mer : sa flotte fut d’abord battue, mais ensuite il repoussa les ennemis, et coula à fond plusieurs de leurs navires. Il n’arriva pas à temps pour soutenir ses troupes de terre. Par une attaque soudaine, Gylippe ; se rendit maître du Plemmyrion[1], l’arsenal de marine des Athéniens et leur magasin général ; il s’empara de toutes les provisions, tua beaucoup de monde, et fit de nombreux prisonniers. Ce qu’il y eut de plus important, c’est que par ce coup il enlevait à Nicias la facilité de se ravitailler. Les convois arrivaient promptement et sans danger par le Plemmyrion, tant que les Athéniens en

  1. C’était un promontoire à l’entrée du grand port de Syracuse.