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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/30

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CIMON.

Mais ce qui fortifia le plus ces dispositions du peuple, ce fut une calomnie dont on le chargea, à l’occasion que je vais dire. La quatrième année du règne d’Archidamus, fils de Zeuxidamus, Sparte éprouva le plus grand tremblement de terre dont on eût encore entendu parler. La terre s’entr’ouvrit et s’abîma en plusieurs endroits ; le mont Taygète en fut tellement agité, que plusieurs de ses sommets s’écroulèrent ; la ville fut culbutée de fond en comble ; toutes les maisons, excepté cinq, furent renversées par la secousse. Quelques instants avant que la terre tremblât, les jeunes hommes et les jeunes garçons, qui s’exerçaient nus ensemble au milieu du portique, virent, dit-on, un lièvre passer devant eux ; les jeunes garçons, tout frottés d’huile qu’ils étaient, s’élancèrent à sa poursuite, par divertissement ; ils furent à peine sortis, que le portique tomba sur les jeunes gens qui étaient restés. Tous périrent écrasés à la fois ; et leur tombeau s’appelle encore aujourd’hui Sismatia[1].

Archidamus, qui prévoyait, d’après le danger présent, celui qu’on avait à craindre, et qui voyait les citoyens uniquement occupés à sauver de leurs maisons les effets les plus précieux, fit sonner l’alarme, comme si l’ennemi eût été aux portes, afin qu’ils accourussent au plus tôt se ranger autour de lui avec leurs armes. Cette présence d’esprit sauva seule la ville dans cette conjoncture ; car les Hilotes accoururent de tous côtés de la campagne, pour massacrer les Spartiates qui auraient échappé au tremblement de terre ; mais, les ayant trouvés en armes et en rang de bataille, ils se retirèrent dans les villes, engagèrent dans leur parti la plupart des peuples voisins, et firent aux Spartiates une guerre ouverte, en même temps que les Messéniens les attaquèrent d’un autre côté.

Les Lacédémoniens envoient donc Périclidas à Athènes

  1. Ce mot vient de σεισμός, qui signifie tremblement de terre.