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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/368

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prisonniers loin de la mer, dans l’intérieur des terres, et de leur inspirer le goût d’une vie paisible, en les accoutumant au séjour des villes ou à la culture des champs. Quelques-uns furent reçus dans les petites villes de la Cilicie les moins peuplées, qui consentirent, moyennant un accroissement de territoire, à les incorporer parmi leurs habitants. Pompée en établit un grand nombre dans Soli[1], dont Tigrane, roi d’Arménie, avait naguère détruit la population, et qu’il releva de ses ruines. Enfin, il envoya les autres à Dymé d’Achaïe, qui manquait alors d’habitants, et dont le territoire était étendu et fertile.

Cette conduite fut blâmée par ses envieux ; mais ses procédés en Crète, à l’égard de Métellus, furent loin de plaire à ses meilleurs amis mêmes. Métellus, parent de celui que Pompée avait eu pour collègue en Espagne, était allé commander en Crète avant que Pompée eût été choisi pour la conduite de la guerre. La Crète était, après la Cilicie, une seconde pépinière de pirates ; Métellus, en ayant pris un grand nombre, les avait punis de mort. Ceux qui restaient, et qui assiégeaient Métellus, députèrent à Pompée pour le supplier de venir dans leur île, qui faisait partie de son gouvernement, et dont toute l’étendue était comprise dans la limite des quatre cents stades à partir des côtes. Pompée accueillit leur demande, et écrivit à Métellus pour lui défendre de continuer la guerre. Il manda aussi aux villes de ne plus recevoir les ordres de Métellus, et envoya, pour commander dans l’île, Lucius Octavius, un de ses lieutenants. Octavius entra dans les villes assiégées, et y combattit pour la défense des pirates, conduite qui rendit Pompée non moins ridicule qu’odieux : Pompée prêter

  1. Ville de Cilicie, à l’embouchure du Cydnus qui fut depuis nommée Pompéiopolis.