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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/405

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torisa à prendre, tous les ans, dans le trésor public, mille talents pour l’entretien et la solde des troupes.

Les amis de César se prévalurent de cet exemple, et demandèrent qu’on tînt aussi quelque compte de César, et de tous les combats qu’il livrait afin d’étendre l’empire romain. « Il mérite, disaient-ils, ou qu’on lui donne un second consulat, ou qu’on lui continue le commandement de son armée, afin qu’un successeur ne vienne pas lui enlever la gloire de ses travaux : il faut que César commande seul dans les lieux qu’il a soumis, et qu’il jouisse en paix des honneurs que lui ont mérités ses exploits. » Cette demande donna lieu à une grande discussion ; et Pompée, comme s’il voulait, par affection, conjurer la haine dont César pouvait être l’objet, dit qu’il avait des lettres de lui par lesquelles il demandait qu’on lui donnât un successeur, et qu’il fût déchargé de cette guerre : « Quant au consulat, ajouta-t-il, il me paraît juste qu’on lui permette de le demander, quoique absent. » Caton s’opposa à cette proposition ; il exigea que César, réduit à l’état de simple particulier, posât les armes, et vînt en personne solliciter auprès des citoyens la récompense de ses services. Pompée n’insista pas, et feignit d’être vaincu par les raisons de Caton ; ce qui contribua à faire soupçonner davantage encore la sincérité de ses dispositions à l’endroit de César. Il lui fit en outre redemander les deux légions qu’il lui avait prêtées, alléguant pour prétexte la guerre des Parthes. César, qui ne se méprit point sur les vrais motifs de sa demande, ne laissa pas de lui renvoyer ses soldats, après les avoir comblés de présents.

Bientôt après Pompée tomba dangereusement malade à Naples : il guérit cependant ; et les Napolitains, par le conseil de Praxagoras, firent des sacrifices d’actions de grâces pour remercier les dieux de sa guérison. Les peuples voisins suivirent leur exemple, et ce zèle se commu-