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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/413

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dats. On regarde le départ de Pompée comme un des meilleurs expédients de guerre dont il pût se servir. Mais César s’étonnait que Pompée, ayant eu son pouvoir une ville aussi forte que Rome, attendant des secours d’Espagne et étant maître de la mer, eût abandonné et livré l’Italie. Cicéron le blâme aussi[1] d’avoir imité la conduite de Thémistocle plutôt que celle de Périclès, alors que la situation de ses affaires ressemblait à celle de Périclès bien plus qu’à celle de Thémistocle. César fit voir, par sa conduite, combien il craignait les effets du temps ; car, ayant fait prisonnier Numérius, un des amis de Pompée, il l’avait envoyé à Brundusium pour proposer un accommodement, à des conditions raisonnables ; mais Numérius s’embarqua avec Pompée.

César s’étant ainsi rendu, en soixante jours, maître de toute l’Italie sans verser une goutte de sang, voulait sur-le-champ se mettre à la poursuite de Pompée ; mais, comme il n’avait point de vaisseaux, il changea de dessein, et prit la route de l’Espagne, pour attirer à son parti les troupes qui servaient dans ce pays.

Cependant Pompée avait assemblé des forces considérables ; sa flotte pouvait passer vraiment pour invincible : elle se composait de cinq cents navires de guerre, et d’un nombre plus considérable encore de brigantins et de vaisseaux légers. Sa cavalerie était la fleur de Rome et de l’Italie : c’étaient sept mille chevaliers, tous distingués par leur naissance et leurs richesses, autant que par leur courage. Son infanterie, formée de soldats ramassés de toutes parts, avait besoin d’être disciplinée : il l’exerça sans relâche pendant son séjour à Béroë[2] ; lui-même, toujours en activité, il se livrait, comme un homme dans la vigueur de l’âge, aux mêmes exercices que les soldats.

  1. Lettres à Atticus, vii, 2.
  2. Ville de Macédoine, au pied du mont Bernius.