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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/419

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les Germains et les Gaulois, sans jamais avoir été vaincus, des victoires innombrables, fait un million de prisonniers, et tué un million d’ennemis en bataille rangée.

Ils ne cessaient néanmoins de presser et d’importuner Pompée ; et, à peine descendus dans la plaine de Pharsale, ils le forcèrent de tenir un conseil, dans lequel Labiénus, qui commandait la cavalerie, se levant le premier, jura qu’il ne se retirerait du combat qu’après avoir mis les ennemis en déroute ; et tous les autres prononcèrent le même serment. La nuit suivante, Pompée se vit lui-même en songe entrant dans le théâtre, où le peuple le recevait avec de vifs applaudissements, et ornant de riches dépouilles le temple de Vénus Victorieuse. Si cette vision le rassurait d’un côté, elle le troublait de l’autre, en lui faisant craindre que César, qui faisait remonter à Vénus l’origine de sa famille, ne tirât, des dépouilles d’un rival, une nouvelle gloire et un nouvel éclat. Des terreurs paniques, qui se répandirent dans le camp, l’éveillèrent en sursaut ; et le matin, comme on posait les gardes, on vit tout à coup, au-dessus du camp de César, où régnait une profonde tranquillité, s’élever une vive lumière à laquelle s’alluma un flambeau ardent, qui vint fondre sur le camp de Pompée. César lui-même dit avoir vu ce phénomène comme il visitait ses postes de nuit.

À la pointe du jour, César se disposait à transporter son camp près de Scotuse[1] ; et déjà les soldats levaient leurs tentes, et laissaient partir devant eux les valets et les bêtes de somme, lorsque les coureurs vinrent rapporter qu’ils avaient aperçu un grand mouvement d’armes dans le camp des ennemis, et qu’on y entendait un bruit et un tumulte comme de gens qui s’apprêtent au combat ; bientôt après il en arriva d’autres, qui assurè-

  1. Un peu au nord de Pharsale.