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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/441

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ALEXANDRE.


(De l’an 356 à l’an 323 avant J.-C.)

Nous allons écrire, dans ce livre, la Vie du roi Alexandre et de César, celui qui défit Pompée, en nous bornant, pour tout préambule, vu le nombre infini des faits qui en sont la matière, à prier les lecteurs de ne pas nous blâmer si, au lieu d’exposer amplement et en détail chacun des événements, ou même telle ou telle des actions les plus mémorables, nous n’en donnons, pour la plus grande partie, qu’un simple sommaire. En effet, nous n’écrivons pas des histoires, mais des Vies ; d’ailleurs ce ne sont pas toujours les actions les plus éclatantes qui montrent le mieux les vertus ou les vices des hommes. Une chose légère, le moindre mot, un badinage, mettent souvent mieux dans son jour un caractère que des combats sanglants, des batailles rangées et des prises de villes. Aussi, comme les peintres, dans leurs portraits, cherchent à saisir au vif les traits du visage et le regard, où éclate sensiblement le naturel de la personne, sans se soucier des autres parties du corps ; de même nous doit-on concéder de concentrer principalement notre étude sur les signes distinctifs de l’âme, et de dessiner, d’après ces traits, la vie de ces deux personnages, en laissant à d’autres les grands événements et les combats.

C’est un fait tenu pour constant que, du côté paternel, Alexandre descendait d’Hercule par Caranus, et que, du côté de sa mère, il se rattachait aux Éacides, par Néopto-