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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/454

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de lui envoyer Thessalus chargé de chaînes, et bannit de Macédoine quatre des amis de son fils, Harpalus, Néarque, Phrygius et Ptolémée ; mais Alexandre les fit revenir dans la suite, et les combla d’honneurs.

Pausanias, ayant reçu, à l’instigation d’Attalus et de Cléopâtre, le plus sanglant outrage, sans en avoir pu obtenir justice, assassina Philippe. On attribua à Olympias la plus grande part dans ce meurtre : on l’accusait d’avoir excité le jeune homme, déjà irrité contre le roi. Alexandre lui-même ne fut pas à l’abri de tout soupçon : Pausanias, dit-on, était venu, après l’injure dont j’ai parlé, se lamenter près de lui ; et Alexandre lui avait cité ce vers de la Médée :

Et l’auteur du mariage, et l’époux et l’épouse[1].


Cependant il rechercha et punit sévèrement les complices de la conspiration, et témoigna son indignation à Olympias, qui avait exercé, pendant son absence, une vengeance cruelle sur Cléopâtre.

Alexandre avait vingt ans quand il succéda à son père, héritant une royauté de toutes parts environnée de jalousies furieuses, de haines terribles et de dangers. Car les nations barbares des pays voisins ne se résignaient point à la servitude, et regrettaient leurs rois naturels. D’un autre côté, Philippe, tout en ayant subjugué la Grèce par la force des armes, n’avait pas eu le temps de la dompter et de l’apprivoiser : il n’avait fait que troubler l’état des affaires, et les avait laissées dans une agitation violente, et sans qu’on eût pu encore se remettre du bouleversement. Les Macédoniens, qui redoutaient cette situation critique, conseillaient à Alexandre d’abandonner

  1. Dans la pièce d’Euripide, Médée veut donner la mort à Créon, à Jason, et à la femme nouvelle de Jason, Glauca, fille de Créon.