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Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/462

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prit la fuite, excepté les mercenaires grecs, qui s’étaient retirés sur une colline, et demandaient qu’Alexandre les reçût à composition. Alexandre, emporté par la colère bien plus que par la raison, se jette le premier au milieu d’eux : il eut son cheval tué sous lui d’un coup d’épée dans le flanc ; mais c’était un autre que Bucéphale. Ce fut presque dans ce seul endroit qu’il eut des morts et des blessés, parce qu’on avait affaire à des hommes désespérés et pleins de bravoure.

On dit qu’il périt dans la bataille, du côté des Barbares, vingt mille hommes de pied et deux mille cinq cents cavaliers. Suivant Aristobule, il n’y eut, du côté d’Alexandre, que trente-quatre morts, dont neuf fantassins. Le roi leur fit ériger à tous des statues d’airain, de la main de Lysippe. Il associa les Grecs à l’honneur de sa victoire, en envoyant aux Athéniens en particulier trois cents bouliers, de ceux qu’il avait pris sur les ennemis, et en faisant graver, au nom de toute la Grèce, cette glorieuse inscription sur le reste des dépouilles : « Alexandre, fils de Philippe, et les Grecs, à l’exception des Lacédémoniens, ont remporté ces dépouilles sur les Barbares qui habitent l’Asie. » Pour la vaisselle d’or et d’argent, les tapis de pourpre, et tous les meubles de ce genre pris sur les Perses, il ne s’en réserva qu’une petite partie, et envoya le reste à sa mère.

Ce combat eut bien vite, opéré un changement heureux et subit dans les affaires d’Alexandre ; jusque-là que Sardes, la capitale des provinces maritimes de l’empire des Perses, se rendit à lui, et, avec Sardes, tout le reste de la contrée. Les villes d’Halicarnasse et de Milet firent seules résistance, et furent prises de force, et tout leur territoire soumis. Alors Alexandre balança sur le parti qu’il devait prendre. Tantôt il voulait, sans aucun délai, marcher contre Darius, et tout mettre au hasard d’une bataille ; tantôt il croyait plus sûr de subjuguer d’abord les pays